« Personne ne veut un Cambridge Analytica de la banque ! » (Pierre-Edouard Batard, Crédit mutuel)

Pierre-Edouard Batard crédit mutuel

ENTRETIEN. Bâle 3, la concurrence des Big Tech, le financement de la relance : chacun de ces défis, Pierre-Edouard Batard, directeur général de la Confédération nationale du Crédit mutuel, répond par une confiance totale dans la capacité des banques à s’adapter. Il s'étonne néanmoins, dans un entretien accordé à La Tribune, du grand écart des régulateurs entre de fortes contraintes qui peuvent brider le soutien des banques à l'économie - « le Parlement européen doit se saisir de ces sujets» - et un certain laisser-faire sur la protection des données bancaires. « Toutes les données ne peuvent pas être monétisables», prévient-il.

Publié le 29-10-2021 par Eric Benhamou

LA TRIBUNE. Êtes-vous inquiet de la prochaine révision du cadre réglementaire de Bâle 3 alors que la Commission européenne vient de dévoiler son projet de transposition ?

PIERRE-EDOUARD BATARD. Ne nous laissons pas enfermer dans une discussion de techniciens. Il s'agit de l'avenir économique de l'Europe et du financement des révolutions écologiques et numériques ! Les régulateurs demandent aujourd'hui aux banques européennes d'immobiliser une centaine de milliards d'euros de fonds propres ce qui aura comme première conséquence de priver l'économie européenne de 900 milliards d'euros de financement. Je ne suis pas certain que ce soit la priorité du moment alors que les besoins de financement sont colossaux pour accompagner la transition énergétique et numérique de nos clients.

Ce n'est donc pas qu'un sujet pour spécialistes de la régulation bancaire. Le parlement européen doit se saisir de ce sujet : nous ne pouvons pas multiplier d'un côté les plans de relance européens et d'un autre côté réduire la capacité des banques à financer ces besoins. Sur ce dossier, je tiens d'ailleurs à saluer l'implication de Bercy. La crise sanitaire a démontré que le secteur bancaire européen était très solide depuis les réformes post-2008. Avec Bâle 4 (ou finalisation de Bâle 3, NDLR), nous aurons certes des banques encore plus solides mais à quoi serviront des banques plus solides si elles ne peuvent plus bien financer l'économie ?

Les régulateurs dans l'assurance semblent se montrer plus soup

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