Les banques bloquent les crédits de Lisea pour la LGV Tours-Bordeaux

Les banques bloquent les crédits de Lisea pour la LGV Tours-Bordeaux

Lisea, la filiale de Vinci concessionnaire de la ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux, a confirmé que les banques chargées de financer le projet ont suspendu le versement de son prêt prévu le 20 novembre au motif que la ligne ne serait pas assez rentable pour en permettre le remboursement.

Publié le 27-11-2015 par Bertrand Dampierre

Menace sur le projet

 

C'est un coup dur pour Lisea, qui s'est vue attribuer la concession de la ligne LGV Tours-Bordeaux. La filiale de Vinci vient en effet de confirmer la suspension par les banques du versement de son prêt destiné à financer le chantier, « en raison des risques qui pèsent sur la pérennité du projet ». Dans un communiqué de presse, le concessionnaire de la ligne Tours-Bordeaux a reconnu que « des risques pèsent sur ce projet si les engagements initiaux en termes de dessertes ne sont pas tenus ».

Or, suite à l'annonce du nombre de liaisons autorisées par le Secrétaire d'État aux Transports Alain Vidalies, il est indéniable que ce dernier n'est pas suffisamment élevé pour que l'exploitation de la ligne puisse être considérée comme rentable. En effet, au lieu de 19 allers-retours, comme initialement prévu, Alain Vidalies a fixé ce nombre à 16,5.

 

 

Seuil de rentabilité

 

Pour que les 250 millions d'euros annuels nécessaires à la couverture des frais de construction soient atteints, il faudrait en effet que le TGV qui doit mettre Bordeaux à deux heures de Paris effectue 19 allers-retours quotidiens. Avec seulement 16,5 allers-retours, le seuil de rentabilité ne serait pas atteint. C'est pour cette raison que les 13 banques composant le consortium finançant le projet ont décidé de suspendre leurs versements.

Lisea finance le chantier à hauteur de 3,8 milliards d'euros, sur les 7,8 milliards nécessaires au total. La filiale du groupe français de BTP Vinci tire son revenu des péages, qui s'élèvent environ à 20 euros par kilomètre et par train, ce qui implique un seuil minimal de trafic pour atteindre la rentabilité de la LGV, dont Lisea est concessionnaire pour 50 ans.

 

 

Bras de fer

 

Derrière ces questions de fréquences se cache un bras de fer entre Lisea, la SNCF, les élus locaux, et le gouvernement. En effet, si Lisea réclame 19 allers-retours, la SNCF souhaiterait n'en effectuer que 13. Par souci d'économies et de rentabilité, la SNCF compte en effet faire rouler des TGV Duplex, en moins grands nombres, mais à des heures où ils seraient susceptibles d'être remplis. Alors qu'avec 19 liaisons, la compagnie ferroviaire française est certaine que de nombreux trains ne le seront pas. Du côté des élus, on espère également 19 liaisons aller-retour, mais Alain Rousset et Alain Juppé estiment que 17 pourraient néanmoins leur convenir. Quant à l'État, il a déjà tranché, avec ses 16,5 allers-retours.

Lisa espère profiter de cet incident bancaire, qui menace à terme le projet lui-même, pour que l'État reconsidère sa décision et impose 19 allers-retours. Mais, de son côté, la SNCF refuse de payer pour des liaisons non rentables, et de financer un projet dont les coûts ont selon elle été mal évalués.

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