EDF veut renouveler son parc nucléaire avec des EPR

EDF veut renouveler son parc nucléaire avec des EPR

Alors que l'ADEME envisage le scénario d'une France sans nucléaire, EDF entend au contraire renouveler intégralement son parc de centrales avec des EPR à l'horizon 2050.

Publié le 26-10-2015 par Guilhem Baier

Combat de scénarios pour 2050

 

Si la loi de transition énergétique prévoit une réduction de la part du nucléaire dans le mix énergétique français, elle n'a pas osé franchir le cap d'une sortie du nucléaire. Dans cette situation intermédiaire, plusieurs acteurs viennent de faire des propositions sur ce sujet épineux. Au-delà du Scénario Negawatt, prônant un accroissement de la sobriété énergétique, l'ADEME a par exemple suggéré l'abandon total du nucléaire en 2050, et élaboré plusieurs hypothèses qui vont dans ce sens. Elles sont toutes basées notamment sur la promotion de l'efficacité énergétique, la réduction de la production globale grâce à une baisse de la consommation et de la demande, et une augmentation considérable de la part des renouvelables, grâce à l'adoption d'un modèle de production décentralisée, à l'opposé du modèle actuel.

 

 

Renouveler le parc actuel par des EPR

 

EDF a souhaité elle aussi proposer son propre scénario pour 2050. Celui-ci prend en compte la nécessaire refonte d'un parc nucléaire vieillissant, passant par le démantèlement des centrales les plus anciennes, mais en les renouvelant progressivement grâce à la construction de plusieurs dizaines des réacteurs EPR de troisième génération. L'énergéticien français souhaiterait donc disposer en 2050 d'un parc comprenant entre 30 et 40 réacteurs EPR.

C'est du moins ce qu'il ressort des indiscrétions consécutives à un déjeuner entre Jean-Bernard Levy et plusieurs journalistes. Il s'agirait de commencer par la prolongation de la durée de vie des centrales existantes jusqu'à 60 ans dans le cadre du programme « Grand Carénage », ce qui pourrait amener, par exemple à ne procéder à l'arrêt des réacteurs des centrales les plus récentes que vers 2040. Et il agirait bien entendu de profiter de ce délai supplémentaire pour entamer un gigantesque programme de construction d'EPR.

 

 

Trouver impérativement des partenaires

 

Toutefois, EDF sait très bien qu'elle n'aurait nullement les moyens de financer un programme aussi ambitieux. Il lui faudrait donc recourir à des partenaires industriels, pour les construire, et peut-être aussi pour prendre part à leur exploitation. Le seul plan de prolongation de la durée de vie des centrales actuelles coutera environ 50 milliards d'euros. La construction d'un nombre suffisant d'EPR pour déployer plus de 60 gigawatts de puissance impose donc nécessairement de faire entrer d'autres acteurs dans le projet.

On peut penser qu'Engie, jadis très intéressée pour construire un EPR en France, pourrait en faire partie. Mais il faut surtout songer aux partenariats qu'EDF vient de monter pour mener à bien le chantier britannique d'Hickley Point, grâce au chinois CGN, où à l'entrée du japonais MHI dans le capital de la nouvelle activité de construction de réacteurs basée sur le périmètre d'Areva NP. Ces alliances majeures des grands acteurs du nucléaire semblent la seule solution pour assurer la pérennité de la filière, y compris au niveau mondial. En attendant, ce nouveau projet d'Electricité de France a fait bondir tous les écologistes, des élus d'EELV jusqu'aux militants de Greenpeace ou de Sortir du Nucléaire.

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