SNCF Réseau restera endetté

SNCF Réseau restera endetté

Le gouvernement n'a pas jugé « opportun » de reprendre la dette colossale de SNCF Réseau, même partiellement.

Publié le 20-09-2016 par Bertrand Dampierre

Injonctions paradoxales

 

Du côté de la SNCF, on doit commencer à être sérieusement convaincu d'être peu considéré et même maltraité par l'actionnaire principal étatique, et non sans raisons. À l'heure même où l'État et ses principaux dirigeants, François Hollande en tête, semblent compter sur les investissements futurs de la SNCF pour sauver Alstom, la compagnie ferroviaire nationale vient d'apprendre que le gouvernent, après plusieurs mois de réflexion, avait considéré qu'il n'était pas pour lui « opportun » de reprendre ne serait-ce qu'une partie de la dette abyssale de SNCF Réseau, l'entreprise qui a succédé à RFF après la réorganisation totale de la SNCF en deux activités. Cette dette, qui s'élève à 44,1 milliards d'euros, restera donc à la charge de la compagnie. En effet, à quelques mois des élections présidentielle et législatives, le gouvernement ne souhaite pas alourdir le déficit des finances publiques. Comme le souligne le rapport du gouvernement, une reprise de la dette « ferait peser une lourde contrainte sur le programme de financement de l'État qui est déjà tendu ».

 

Double contrainte

 

La charge est pourtant lourde pour l'entreprise elle aussi, et pèse sur ses finances au quotidien, puisque les intérêts de la dette représentent 1,5 milliard d'euros par an. Pourtant, le rapport semble minimiser les impacts de ce colossal endettement. Pour les rapporteurs, tout semble sous contrôle. Selon eux, « SNCF Réseau a mis en place une gestion active de sa dette qui lui permet de maîtriser le coût de son endettement ». Pas de raison de s'alarmer, par conséquent.

En outre, pour éviter que cette dette ne se creuse, l'État, selon les rapporteurs, sera particulièrement vigilant et « limitera la capacité d'endettement de SNCF pour le financement de projets de développement ».

Dans ces conditions, comment peut-on demander à la SNCF de sauver Alstom ? Et, surtout, comment la compagnie ferroviaire va-t-elle pouvoir assumer l'entretien et la rénovation de son réseau, qui devient de plus en plus vétuste, comme l'avait montré l'accident de Brétigny-sur-Orge ? C'est pourtant l'État lui-même qui pousse à cette rénovation.

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