Le PCF et le PS posent des conditions à la fusion Alstom Siemens

Le PCF et le PS posent des conditions à la fusion Alstom Siemens

Le Parti communiste et le Parti socialiste ont demandé à l'État d'entrer au capital d'Alstom afin de suspendre le processus de fusion avec le groupe allemand Siemens.

Publié le 11-10-2017 par Bertrand Dampierre

Front commun contre la fusion

 

Socialistes et communistes d'accord sur point... voilà qui n'était pas arrivé depuis des années ! Ce petit programme commun, ce point sur lequel le Parti communiste français et le Parti socialiste se retrouvent, c'est la méfiance extrême vis-à-vis du processus de fusion entre les activités transports du groupe allemand Siemens et le groupe industriel français spécialisé dans le matériel et la signalisation ferroviaire Alstom.

Les deux partis, par la bouche d'un sénateur socialiste mandaté à ces fins et de Pierre Laurent, secrétaire général du PCF, se sont en effet adressés au Premier ministre Édouard Philippe afin de demander que l'État exerce son droit de préemption sur les actions du groupe Bouygues, celles qui doivent être cédées à Siemens en échange de l'apport de la branche Transports de Siemens.

Or ces actions sont actuellement détenues par l'État via un prêt, et l'usufruit en est cédé à Bouygues, mais le gouvernement ne compte pas exercer l'option, car, selon le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, l'exercice de ce droit de préemption réduirait à néant l'accord de fusion avec Siemens.


Fin de non-recevoir gouvernementale

 

Les deux partis de gauche dénoncent en fait la précipitation dans laquelle la fusion est actuellement conduite et la « naïveté » du gouvernement dans ce dossier, comme le montre l'adresse de Pierre Laurent à Édouard Philippe : « nous vous demandons instamment d'exercer l'option d'achat de l'État sur les titres détenus dans Alstom par le groupe Bouygues et de suspendre l'opération annoncée pour ouvrir un large débat démocratique sur les conditions d'une alliance entre égaux effective, sans exclure a priori, pour des raisons idéologiques, l'idée d'un contrôle public de dimension européenne sur la nouvelle entité qui serait créée », a déclaré le secrétaire général du PCF.

Les craintes de la gauche sont multiples : tout d'abord celle de voir un champion français passer, de facto, sous contrôle allemand. Ensuite, les conséquences que cette fusion pourraient avoir sur l'emploi, entraînant des délocalisations vers l'Allemagne et des fermetures de sites en France.

Mais le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, a opposé une fin de non-recevoir à ces requêtes issues de la gauche : « si j'entends votre préconisation, nous bloquerions immédiatement le rapprochement entre Siemens et Alstom parce que la condition de l'engagement et de ce rapprochement, c'est justement que la France ne lève pas l'option », a déclaré M. Castaner.

Toutefois, le PCF ne désarme pas, puisqu'il a demandé l'ouverture d'une enquête parlementaire sur ce dossier sensible.

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