Tocqueville VS Twitter

composite Musk-Tocqueville

HOMO NUMERICUS. Avec Elon Musk à la tête du réseau social Twitter, il existe un risque d'amplification de la polarisation des débats publics. Par Philippe Boyer, directeur relations institutionnelles et innovation à Covivio.

Publié le 01-12-2022 par latribune.fr

Chargé, en 1832, d'étudier le régime pénitentiaire aux États-Unis, le jeune Alexis de Tocqueville découvre de l'autre côté de l'Atlantique une société nouvelle qui lui inspirera son livre le plus connu : « De la démocratie en Amérique ». Dans cet ouvrage, toujours parfaitement d'actualité bien qu'écrit il y a près de deux cents ans, Tocqueville, politologue avant l'heure, analyse cette démocratie en décrivant ses ressorts profonds, à savoir le goût immodéré du peuple américain non seulement pour la liberté, mais aussi et surtout, pour l'égalité entre tous les citoyens.

« Vox populi, vox dei » à la sauce algorithmique

Aristocrate de naissance, Tocqueville avouait aimer « avec passion la liberté, l'égalité, le respect des droits », mais se méfiait de la démocratie. Non que ce régime fût mauvais par nature (« le meilleur à l'exception de tous les autres », selon le mot célèbre de Winston Churchill...) mais, analysait-il, celui-ci porte en germe l'exaspération des égoïsmes, l'oppression de la minorité par la majorité, et tend à favoriser la montée en puissance d'un État tout-puissant face à des individus, certes libres, mais atomisés et contraints d'accepter leur servitude volontaire. Tocqueville redoutait par-dessus tout le despotisme rampant du régime démocratique dans lequel les citoyens tendent à accorder au collectif « plus de lumière et de sagesse qu'aucun des hommes qui la composent ».

Revenu à notre époque, Tocqueville se serait sans doute insurgé contre le nouveau patron

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