«MBS veut transformer en profondeur un système hostile à tout changement» François-Aïssa Touazi

François-Aïssa Touazi, fondateur du think tank CapMena.

Le pouvoir saoudien amorce un virage libéral pour diversifier une économie trop dépendante des revenus pétroliers. Un pari audacieux, analyse François-Aïssa Touazi, expert des enjeux économiques et financiers dans le monde arabe.

Publié le 20-06-2018 par Propos recueillis par Robert Jules

LA TRIBUNE - Le projet « Vision 2030 » veut transformer en à peine plus de quinze ans un pays dépendant de la rente pétrolière en un pays ouvert et tolérant, doté d'une économie moderne et diversifiée. N'est-ce pas un pari trop ambitieux ?

FRANÇOIS-AÏSSA TOUAZI - Il faut reconnaître que Mohammed Bin Salman (MBS) a su anticiper dans sa stratégie réformatrice. Il a très tôt compris que le royaume saoudien se trouvait à la croisée des chemins et que son modèle économique, fortement dépendant des revenus pétroliers qui représentent près de 90 % de ses recettes budgétaires, n'aurait pas pu résister à une baisse durable des prix du pétrole. Le déficit budgétaire qui a atteint 100 milliards de dollars en 2015 et l'érosion des réserves de changes, passées de 750 milliards de dollars en 2014 à 500 milliards en 2017, ont été un électrochoc.

Pour mettre fin à un État rentier paralysé par les conservatismes et la bureaucratie, MBS a lancé sa révolution économique en instaurant, d'une part, des mesures d'austérité inédites (réduction des subventions et mise en place de nouvelles taxes), tout en veillant à instaurer un « citizen account program » pour compenser leur impact sur les populations les plus fragiles, et, d'autre part, en proposant un plan ambitieux de diversification économique et de transformation sociale, Vision 2030, pour préparer le pays à l'après-pétrole.

Quelle est la philosophie du projet ?

Élaboré avec le soutien de grands cabinets de conseils américains (McKinsey, BCG..

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