Le gouvernement japonais s'invite dans le conflit sur l'Alliance Renault Nissan
Resté jusqu'à présent en retrait et silencieux, le gouvernement japonais a manifesté hier soir pour la première fois son inquiétude concernant les négociations entre Renault, Nissan et l'Etat français.
Publié le 02-12-2015 par Bertrand Dampierre
Le gouvernement nippon vigilant
Le conflit entre l'Etat Français et Carlos Ghosn à propos de l'Alliance entre la marque au losange et le constructeur automobile nippon a fini par attirer l'attention du gouvernement japonais. Par l'entremise de son porte-parole, Yoshihide Suga, ce dernier a précisé hier soir lors d'une conférence de presse qu'il faisait preuve d'une grande vigilance concernant « les discussions en cours entre Nissan, Renault et l'Etat français ». Le gouvernement japonais a également exprimé son souhait que les trois protagonistes de l'affaire « poursuivent ce dialogue avec détermination et trouvent un terrain d'entente afin de préserver la relation entre Nissan et Renault ».
Ce doux euphémisme du gouvernement nippon cache en fait un durcissement de la crise intervenu ces derniers jours, à la suite du conseil d'administration de Nissan. Président de Nissan, mais aussi de Renault, Carlos Ghosn semble en effet avoir beaucoup contribué à durcir le bras de fer avec l'Etat français à l'occasion de ce conseil d'administration.
Crispations nouvelles
Le quotidien économique japonais Nikkei, se basant sur des sources proches du conseil d'administration de Nissan, a en effet révélé les solutions évoquées lors du conseil, et toutes conspirent à durcir la relation et à contrecarrer la démarche de l'Etat français. Nissan aurait en effet évoqué le projet de porter sa participation dans le capital du constructeur automobile français à 25% pour lutter contre l'influence de l'actionnaire étatique en récupérant des droits de vote. Et il envisagerait aussi d'augmenter son propre capital, afin d'y diluer la part de Renault et ses droits de vote, et de les faire passer sous le seuil des 40%.
Ces fuites ont, cependant, été tellement mal accueillies par les marchés que le titre Nissan a chuté à la Bourse de Tokyo et l'état-major de Nissan a été contraint à un rétropédalage immédiat, en publiant un démenti de cette option via un communiqué de presse.
Toujours est-il que le gouvernement japonais semble désormais inquiet, et tente ainsi de calmer les esprits des dirigeants de Nissan, passablement échauffés par un Carlos Ghosn qui semble de plus en plus mener un combat personnel contre Emmanuel Macron.
Cette inquiétude du gouvernement japonais a peut-être porté ses fruits, puisqu'un bref communiqué beaucoup moins offensif de Nissan vient de paraître, traduisant un changement de ton chez le constructeur automobile nippon : "Nissan reste attaché au succès de l'alliance et a trouvé avec l'Etat français une solution à l'amiable", a en effet déclaré la firme sans son communiqué.
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