La mainmise de Matignon

Manuel Valls semble vouloir prendre à bras le corps de dossier d'Air France. Son intervention musclée juste après les incidents du 5 octobre, le fait qu'il se soit rendu en personne au siège de la compagnie aérienne nationale pour faire entendre le point de vue et la voix ferme de l'État au lendemain du fiasco du Comité Central d'Entreprise en étaient les signes précurseurs. Mais il semble vouloir aller maintenant plus loin, et prendre en main la destinée de la compagnie et des négociations, en plaçant ses hommes à des postes clés.

En effet, on vient d'apprendre de source officielle que son actuel conseiller en charge des Affaires Sociales, Gilles Gateau, va rejoindre au 1er novembre la direction d'Air France, pour y remplacer Xavier Broseta, le DRH actuel, dont les images de la chemise déchirée et de l'évacuation mouvementée avaient fait le tour du monde, au grand désespoir de la direction d'Air France : « Après un temps de prise de contact avec l'entreprise, Gilles Gateau prendra les fonctions de directeur général adjoint Ressources humaines et Politique sociale d'Air France courant janvier 2016, en remplacement de Xavier Broseta », a-t-on pu lire dans un communiqué publié ce jour.

Un bourreau de travail

Xavier Broseta sera promu au poste de Directeur des Ressources Humaines du groupe franco-néerlandais, tandis que Gilles Gateau s'occupera de la France. Gilles Gateau est ce que l'on appelle un grand commis de l'État. Il a été conseiller de Martine Aubry entre 1991 et 1993, et de Lionel Jospin de 1997 à 2001, avant de rejoindre l'ANPE. Il a ensuite passé 11 ans chez EDF, aux postes de DRH, puis aux relations avec les actionnaires.

Selon les syndicalistes qui ont pu le côtoyer dans ses diverses fonctions, il apparaît comme un bourreau de travail, doté d'une grande capacité d'écoute, mais ayant aussi un certain complexe de supériorité et des ambitions qui lui font parfois négliger les aspects humains, ce qui n'est pas de bon augure pour la suite. Mais il est certain qu'avec lui, Manuel Valls disposera d'un homme de confiance au sein d'Air France, qui tiendra les rênes d'une main de fer, en cohérence avec la ligne fixée par Matignon.