La double fable du travail indépendant

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Il n'y a aucune justification morale ou même purement économique à faire subventionner indirectement des activités par une autre, et en l'occurrence le travail indépendant par le salariat. Ce serait une injustice doublée de la certitude d'un biais dans l'allocation des facteurs capital et travail.

Publié le 29-11-2016 par Jean-Charles Simon, Stacian

Une petite musique s'est peu à peu imposée au sujet de l'évolution de l'emploi à l'ère du numérique. Sur la base de quelques exemples frappants du quotidien, comme le VTC ou la livraison de repas, l'idée d'une progression inexorable du travail indépendant fait son chemin dans les esprits et les discours. La « fin du salariat », nous dit-on, c'est pour demain. Bientôt tous indépendants, ou entrepreneurs, si l'on trouve le terme plus valorisant. Des politiques reprennent ce discours en se réjouissant de cette évolution, qui incarne pour eux la modernité. Et des études des cabinets les plus prestigieux, comme celle de McKinsey récemment, viennent conforter ce sentiment.

Or, rien n'étaye aujourd'hui une telle évolution. Malgré la percée du numérique depuis plusieurs années dans de nombreux domaines, le travail indépendant au sens rigoureux du terme - c'est-à-dire non-salarié - ne progresse pas. Aux Etats-Unis, pays qui devrait illustrer au mieux l'évolution prophétisée, le travail indépendant se tasse, avec une légère décroissance. C'est pareil en Allemagne et plus globalement à l'échelon européen. Des inflexions à la hausse des tendances baissières passées ont certes pu être observées au Royaume-Uni et en France, par exemple, mais elles tiennent beaucoup à des innovations réglementaires. En France, le statut de l'autoentrepreneur a ainsi connu un grand succès dès sa création en 2009, en partie car il offrait un cadre très souple et sans contraintes initiales, notamment à destina

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