Gilles Boeuf : "Notre ennemi n'est pas le virus, mais nous-mêmes"

Gilles Boeuf

LE MONDE D’APRÈS. Nous ne sommes pas en guerre contre un virus, mais contre nos propres manquements, nos propres agissements, notre propre irresponsabilité à l'égard de la planète. Nous sommes, en définitive, notre propre ennemi, assène Gilles Boeuf. En cause, notre servilité coupable à des dogmes - croissance, consommation, propriété, hâte, et bien sûr profit - au noms desquels l'humanité, aveuglée par son arrogance anthropocentrique, se croit autorisée et même stimulée à surexploiter le capital "nature" jusqu'à son anéantissement. Et le biologiste et océanographe de convoquer le "sens" de ce que l'on initie, bâtit, diffuse, de ce que l'on crée, entreprend, partage. Et justement, que "faire de" cette nature ? Ou plutôt que "faire avec", que "faire dans le respect de" cette biodiversité aujourd'hui en péril ? Que "faire en s'inspirant de" cet émerveillement d'espèces vivantes, animales et végétales, à laquelle l'homme ap

Publié le 12-05-2020 par Gilles Boeuf

"En décembre 2019, une pneumonie d'origine alors inconnue touchant 59 personnes a été signalée dans la ville chinoise de Wuhan. Il a depuis été établi que cette maladie émergente, devenue depuis une pandémie, était due à un coronavirus (Sars-CoV-2). Elle a été dénommée Coronavirus disease 2019 ou Covid-19. Ce virus s'est répandu avec une vélocité effarante sur toute la planète. Ce qui n'aurait pas dû se produire s'est produit, ce qui n'aurait pas dû dépasser un petit impact très localisé s'est diffusé dans le monde entier en quelques semaines. Les investigations épidémiologiques conduites en Chine ont montré que les premiers malades avaient pour la plupart fréquenté un marché de Wuhan, où l'on vendait plusieurs espèces d'animaux domestiques et sauvages, souvent vivants. Le 2 janvier 2020, le marché de Wuhan fut immédiatement fermé sans que l'on ait établi (ni même recherché) l'origine de la contamination parmi les espèces animales vendues. L'historique exact de l'origine de l'épidémie n'est toutefois pas clairement établi. Le sera-t-il un jour, compte tenu des enjeux géopolitiques de cette question et des pressions que subissent les scientifiques chinois ? Ce que l'on sait, c'est que la capture, le transport et la vente d'animaux sauvages vivants, entassés dans des cages dans des conditions insalubres et inacceptables sur des marchés comme celui de Wuhan, concentrent des espèces qui ne se côtoient pas habituellement et favorisent le passage des virus entre espèces, humains co

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