Feux de Brousse : bon appétit, messieurs !

Jean Brousse

CHRONIQUE. Ingénieur, éditeur, observateur attentif des sociétés, du monde et des gens, Jean Brousse, corrézien, bretteur de mots, a publié "Deux mois ferme", collection de ses chroniques quotidiennes du confinement. Il tiendra dans La Tribune une revue du couvre-feu devenu reconfinement, intitulée comme il se doit Feux de... Brousse.

Publié le 10-04-2021 par Jean Brousse

Ce soir, comme plusieurs fois cette semaine, semble-t-il, Lucullus dîne donc chez Lucullus, où il a « invité » quelques amis, en toute liberté. On dit même qu'on s'y embrasse derrière le masque chic, aux rendez-vous de l'entre soi. « Combien ça coûte ? » le turbot juste saisi à la mousse d'asperges ou le poulet de grain aux morilles, dans ces mystérieux palais reconvertis ? Top là, « affaire conclue ». Ainsi, quelques établissements « clandestins » exercent ici ou là, réservés à certains matamores oublieux du moindre sentiment de solidarité, du moindre respect que l'on doit à ses contemporains. Rien à voir avec les « bouchons » où de vrais résistants évitaient dans les années 40 les tickets de rationnement. Rien à voir avec le café du village où l'on sert amicalement et en plein air, le matin, un café bienvenu ...

Quoi qu'ils en coûtent


Pourtant, la grande majorité des restaurateurs observent avec rigueur, « quoi qu'il leur en coûte », les mesures en vigueur, du bistro de la place à l'étoilé des beaux quartiers. Le chef Guy Savoy, sacré régulièrement « meilleur restaurant du monde », notait avec humour à l'annonce du premier confinement, en parcourant ses salons : « je pourrais rajouter des tables ! », non sans rappeler à quel point « l'hygiène, c'est l'ADN des métiers de bouche ». Il soutient en conscience le moral de ses troupes dont « aucun n'aura été contaminé ! ». Il tient, renaude, inquiet mais optimiste. Les « aides » ne combleront pas les manques à gagner accumulés. M

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