De nouvelles révélations

Le leader mondial des produits laitiers s'enfonce dans la tempête liée à l'affaire de contamination par des salmonelles de ses laits infantiles. En effet, le Canard Enchaîné a révélé ce matin que des rapports internes suite à des contrôles qualité effectués en août et en novembre 2017 font état de la présence de salmonelles dans l'usine de Craon, « sur du matériel de nettoyage et sur les carrelages ». Cette usine est précisément celle dont provenaient les lots de laits infantiles que Lactalis a dû retirer de la distribution depuis le 2 décembre 2017, à cause de la présence de salmonelles.

En effet, entre la mi-août et le 20 décembre dernier, 35 nourrissons ont été atteints de salmonellose en France, et 31 d'entre eux avaient consommé un lait infantile issu de l'usine Lactalis de Craon.

En septembre 2017, la direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP) avait pourtant procédé à un contrôle de routine inopiné, qui n'avait pas constaté d'anomalies. Pourtant, la salmonelle était bien là, et Lactalis le savait, mais n'avait pas pris les mesures qui s'imposaient.

Un scandale sanitaire

C'est bien là que se situe le scandale. Comment le groupe Lactalis, qui avait pourtant connaissance de la contamination de l'usine de Craon par la bactérie Salmonella agona, a-t-il pu continuer à commercialiser ses lots de laits infantiles produits dans l'usine, alors qu'il aurait immédiatement dû procéder à leur retrait ?

Nos confrères du Canard Enchaîné vont même plus loin dans les révélations, débusquant un autre scandale possible. En effet, l'usine mayennaise de Craon n'est actuellement que partiellement fermée. Lactalis a ainsi fermé l'unité de production des laits infantiles, mais pas celle qui produit des céréales pour bébés. Or certains lots de céréales infantiles sont eux aussi contaminés et ont été retirés de la vente. La simple application du principe de précaution, indispensable dès qu'il s'agit d'une question de santé publique, aurait dû conduire Lactalis à fermer aussi cette unité de production de céréales pour la décontaminer. Ce que Lactalis n'a pas fait.

Globalement, puisque, comme l'a reconnu Lactalis en décembre dernier, le groupe savait

« qu'une contamination dispersée s'[était] installée » dans l'usine de Craon « suite à des travaux réalisés durant le premier semestre 2017 », le groupe aurait sans doute dû prendre des mesures drastiques de précaution en fermant toutes les unités de production pour décontamination.