Changement de position de la direction

Après l'échec retentissant du violent CCE du 5 octobre,Air France KLM a décidé de convoquer un nouveau Comité Central d'Entreprise (CCE). Selon la compagnie aérienne nationale, ce CCE a pour finalité de fournir une « information sur la situation de l'entreprise, ses perspectives et son projet de développement ». Il permettra aussi de « reprendre le dialogue social dans un esprit positif dès le début de l'année 2016 pour évoquer les perspectives et retrouver une stratégie de conquête ».

Par rapport au CCE du 5 octobre, le ton de la direction a donc radicalement changé. Au lieu d'un plan de réduction des effectifs, qui aurait dû menacer 3000 emplois et causer de nombreux licenciements secs, faute d'un nombre suffisant de candidats aux départs volontaires, il pourrait être question désormais d'un plan « de croissance et de développement », selon les propos de Ronald Noirot, représentant CFE-CGC, recueillis par l'AFP au sortir d'une réunion avec le nouveau DRH, Gilles Gateau, l'ancien conseiller social de Manuel Valls. La nouvelle direction RH d'Air France KLM pourrait donc vouloir renouer avec la croissance, abandonner le plan B, et se contenter d'une réduction mineure de la voilure, avec des fermetures de lignes et la suppression d'un millier de postes seulement, assortie d'un plan de croissance combiné à des mesures de gain de productivité.

Changement de ton des syndicats

Après le pugilat d'octobre, les sanctions disciplinaires prises contre les salariés incriminés et les pilotes jugés complices, cette ouverture de la direction a de quoi surprendre, même si elle a changé de tête. Surpris, mais quelque peu rassurés, les représentants des pilotes du SNPL, semblent eux aussi plutôt satisfaits du changement de ton. Leur porte-parole, Emmanuel Mistrali, a livré son constat encore empreint de méfiance à l'AFP : « Les portes s'entrouvrent, vont-elles s'ouvrir complètement ou se refermer sur nos doigts? On a l'impression que l'écoute est meilleure et qu'on a laissé de côté des principes un peu dogmatiques pour aller vers une vision plus d'avenir ».

Cette annonce de la direction intervient à la veille d'une réunion de l'intersyndicale, où les divers représentants des personnels de la compagnie franco-néerlandaise devaient décider d'une action commune contre le plan de restructuration et les sanctions prises à l'encontre d'une vingtaine de salariés. L'ordre du jour de cette réunion se trouve donc naturellement bouleversé par la nouvelle position de la direction, de même que les positions de chacun des syndicats. Longtemps rétif sur les mesures de productivité, le SNPL a ainsi déclaré par le biais de son porte-parole : « Si effectivement le gouvernement participe à rétablir un environnement concurrentiel équilibré et que la compagnie nous propose d'aller chercher la croissance, les pilotes accompagneront le mouvement en faisant des efforts ».