AIM sacrifié par les repreneurs éventuels

AIM sacrifié par les repreneurs éventuels

Trois offres ont été reçues par le Tribunal de commerce de Coutances, mais toutes proposent des reprises à la découpe. Au total, près de 400 emplois pourraient être détruits.

Publié le 20-02-2015 par Aglaë Derouen

Deux reports pour une catastrophe

 

Confrontés à d'inextricables problèmes de trésorerie, les Abattoirs Industriels de la Manche ont été placés en redressement judiciaire en janvier dernier. Après plusieurs délais supplémentaires accordés par le Tribunal de Commerce de Coutances pour le dépôt des offres de reprises, il semblerait que trois offres seulement aient été reçues, sans que l'on soit vraiment certain que la date limite de dépôt ait été respectée. Aucune des trois offres ne propose de reprise globale de l'ensemble des sites de l'entreprise, situés à Sainte-Cécile dans la Manche, et à Antrain dans l'Ile-et-Vilaine. Au final, le scénario tourne à la catastrophe industrielle, car ce sont près de 400 emplois qui pourraient être supprimés, sur les 650 que compte l'entreprise.

 

 

Trois offres pour une casse sociale en règle

 

Les offres globales attendues de la part de Loste et Brient semblent avoir tout simplement disparu. Deux offres de reprise existeraient donc pour le site d'Antrain, et une pour celui des Sainte-Cécile. Les sites de Bernay et de Nogent le Rotrou n'intéresseraient personne, selon Aurélie Balleroy, responsable CGT de l'entreprise.

Pour celui d'Antrain, les Etablissements Yves Fantou, situés à Dol-de-Bretagne, conserveraient 107 postes sur les 179 existants actuellement. Une seconde offre émanant de Tendriade Collet ne reprendrait que 70 salariés.
Pour Sainte-Cécile, la pilule est encore plus amère. Une offre conjointe a été déposée par Abera, filiale de Sofiproteol, et le grossiste en viande porcine Desclomesnil. Mais cette offre prévoit le transfert de l'abattage et de la découpe chez Abera à Saint-Brice-en-Coglès (Ile-et-Vilaine), et la reprise de seulement 118 salariés sur les 397 que compte encore le site. Pour Aurélie Balleroy, « on ne peut pas accepter autant de casse sociale ! Deux reports de date pour ça... On se moque de nous ! ».

 

 

Les salariés trahis, les élus aussi

 

Abasourdis et se sentant trahis par la direction, les salariés d'AIM se sont mis en grève et occupent le site manchois depuis hier après-midi. Face à l'attitude des actionnaires, et notamment du principal, la coopérative agricole Cap 50, qui affirment ne pas connaître le contenu des offres, la réaction des syndicats oscille entre la rage et l'incrédulité. Selon un représentant de la CFE-CGC, les actionnaires, en concertation avec l'administrateur judiciaire, préparent ce scenario depuis 18 mois : « que ce soit la Région, le Conseil Général, les salariés, tout  le monde est trompé ».

La réaction vive de Jean-François Le Grand, Président du Conseil Général de la Manche,  va d'ailleurs dans le même sens que les salariés. Dans un communiqué, l'élu local a pris soin de rappeler que les pouvoirs territoriaux ne viendraient en aide qu'à une solution de reprise « garantissant l'emploi, les savoir-faire et l'ensemble de la filière. Tout autre dispositif retenu se fera sans aucune autre intervention des collectivités ».

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