AccorHotels convoite la part de l'État dans Air France
AccorHotels aurait proposé à l'État de lui racheter les 14,3 % des parts qu'il détient dans la compagnie Air France-KLM.
Publié le 04-06-2018 par Aglaë Derouen
Des discussions en cours
Selon le quotidien économique Les Échos, le géant hôtelier français serait intéressé par le rachat de la participation de l'État dans le capital de la compagnie aérienne franco-néerlandaise Air France-KLM. AccorHotels aurait déjà fait part de cette intention aux autorités compétentes, de sorte que l'État et lui seraient déjà entrés en discussions pour trouver un accord et une solution de montage de cette opération.
La nouvelle peut paraître surprenante, surtout à un moment où la priorité de l'État actionnaire semble être de trouver un successeur à Jean-Marc Janaillac et de redonner au groupe décapité par le référendum salarial un chef et un cap.
Pourtant, il semblerait, selon nos confrères du quotidien Les Échos, que les discussions sur une cession des parts de l'État à AccorHotels battent leur plein. À bien y réfléchir en effet, cette opération permettrait à l'État de régler une fois pour toutes le cas Air France. Pour le gouvernement d'Édouard Philippe, cela constituerait un signal fort, signifiant que l'État, et donc les contribuables, ne sont pas là pour financer d'éternels déficits dans une entreprise insuffisamment compétitive et souvent prise en otage par des mouvements sociaux. D'autant que les salariés d'Air France-KLM, ou du moins leurs représentants syndicaux, ont sans doute un peu trop tendance à en appeler à l'État pour jouer les médiateurs, apaiser les tensions et surtout renflouer les caisses, et ce depuis la naissance d'Air France.
Si le gouvernement ou l'Agence des participations de l'État n'ont pour l'instant fait aucun commentaire, AccorHotels a de son côté confirmé qu'il existait bien une réflexion sur une prise de participation dans le capital d'Air France-KLM.
Créer un géant français du voyage
Si l'État se retirait de son capital au profit d'AccorHotels, Air France-KLM deviendrait une entreprise totalement privée, où il serait sans doute beaucoup plus compliqué de refuser, comme le font les salariés et en particulier les pilotes, les adaptations nécessaires à la concurrence acharnée qui règne dans le secteur et qui nécessite des gains substantiels de compétitivité.
Mais il peut sembler bien compliqué pour l'État de lâcher ainsi un fleuron historique de l'économie française, une compagnie qui est toujours considérée comme la compagnie nationale. C'est pourquoi un scénario pourrait lui fournir une porte de sortie intéressante, celui où la cession des 14,3 % du capital d'Air France à AccorHotels serait rémunérée par un échange d'actions. L'Agence des participations de l'État recevrait ainsi environ 3 % du capital d'AccorHotels en échange de ses parts et sauverait son image de soutien à l'économie française, tout en se débarrassant d'un caillou bien gênant dans sa chaussure.
Ce scénario aurait également un avantage pour le géant français de l'hôtellerie, celui de sécuriser son actionnariat et de bénéficier d'un allié supplémentaire contre les éventuelles velléités de prise de contrôle d'un de ses actionnaires, le groupe hôtelier chinois Jin Jiang, qui est aussi un de ses concurrents.
Plus globalement, l'intérêt d'un tel scénario pour AccorHotels est avant tout industriel. Sébastien Bazin, son président-directeur général, pourrait ainsi créer un géant du voyage, capable de proposer des offres exclusives combinant avion et hôtel, et reprendre ainsi la main sur ses concurrents digitaux que sont les plates-formes comme Booking ou Expedia.
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