Approvisionner La Mède

Lorsque le géant pétrolier français a décidé de mettre un terme à ses activités de raffinage en France, le site de La Mède a été reconverti en une usine de transformation et de fabrication de biocarburants. Cette reconversion avait nécessité de la part du groupe spécialisé dans le pétrole et les énergies un investissement lourd. En effet, 600 millions d'euros avaient été injectés pour les opérations de modernisation et de reconversion du site de La Mède, dans les Bouches-du-Rhône, et de celui de Donges, en Loire-Atlantique, près de Nantes.

Ces investissements devaient permettre de sauver les sites et de conserver une partie importante des effectifs, mais ils nécessitaient tous deux la création de filières d'approvisionnement pour la production de biocarburants. La difficulté, pour maintenir le site, consiste donc à trouver des solutions pour produire des biocarburants sur le site. Et pour y parvenir, Total comptait bien faire feu de tout bois.

Une solution innovante de valorisation

Ce matin, Total et Suez ont ainsi annoncé qu'ils s'associaient et mettaient leurs expertises complémentaires au service d'un projet doublement intéressant. En premier lieu intéressant car il permet d'alimenter le site de la Mède afin d'y assurer une production régulière de biocarburants. En second lieu parce qu'il repose sur une opération de collecte et de recyclage des huiles alimentaires usagées.

Le spécialiste du recyclage et des services à l'environnement, qui en assurera la collecte, livrera à Total 20 000 tonnes d'huiles alimentaires usagées par an, et cela pendant dix ans. Ces huiles seront envoyées au site de La Mède, où elles seront reconverties en biocarburants. Pour cela, elles seront prétraitées dans une nouvelle unité de filtration, que Suez Environnement installera sur le site proche de l'Étang de Berre. Ensuite, elles seront retraitées et transformées en biocarburants. Cette activité nouvelle devrait créer 50 emplois nouveaux, et peut-être plus à l'avenir.

En effet, la collecte d'huiles alimentaires usagées représente en France 45 000 tonnes annuelles, mais son potentiel global atteindrait, selon les estimations, plus de 100 000 tonnes par an. Une manne que les deux groupes semblent bien décidés à exploiter.