Thales-MBDA : appel d'offres complexe en Turquie

Piliers français du secteur de la défense, les groupes Thales et MBDA doivent gérer au mieux d'importants enjeux géopolitiques en Turquie. Dans l'optique de déployer son premier système de défense anti-missiles de longue portée, ce pays a sélectionné en septembre 2013 le chinois CPMIEC, au détriment du consortium Thales-MBDA. Un choix apparemment dicté par les contraintes budgétaires : avec 3,5 milliards de dollars, le chinois propose en effet un prix global bien moins élevé que celui du consortium Thales-MBDA, de l'ordre de plusieurs centaines de millions. La dimension géopolitique de cet appel d'offres pourrait cependant faire basculer le résultat du côté de Thales-MBDA, comme en témoigne la présence jeudi dernier, à Ankara, d'Antoine Bouvier, PDG du missilier MBDA.

La pression de l'Otan (Thales-MBDA)

En sélectionnant un groupe chinois pour son premier système de défense anti-missiles de longue portée, la Turquie a suscité une levée de boucliers de la part de l'Otan. Dans le domaine hautement sensible de la défense anti-missiles, l'intrusion de la Chine ressemble en effet à une provocation délibérée de la part d'Ankara. Washington a d'ores et déjà pris des mesures de rétorsion à l'encontre de sociétés turques, tandis que Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense, a exprimé publiquement ses préoccupations. La Turquie devrait désormais se prononcer d'ici à la fin du mois d'avril sur les suites données aux négociations exclusives avec le chinois CPMIEC. Une décision attendue avec impatience par le groupe Thales, qui compte sur ce marché pour redresser son chiffre d'affaires 2014.