Ségolène Royal humilie EDF sur Fessenheim

Ségolène Royal humilie EDF sur Fessenheim

L'État ne propose à EDF que 100 millions d'euros pour l'indemniser de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim. La direction d'EDF avoue être sidérée.

Publié le 20-05-2016 par Guilhem Baier

Un camouflet 

 

100 millions d'euros. C'est la somme ridicule que vient de proposer Ségolène Royal à EDF en guise d'indemnisation pour la fermeture de la centrale de Fessenheim. Dans un courrier qu'elle a adressé à Jean-Bernard Levy début mai, et qui était resté jusqu'à présent secret, la ministre de l'Environnement et de l'Énergie a avancé un premier montant d'indemnisation pour la fermeture de Fessenheim, montant qu'elle estime dans une fourchette située entre 80 et 100 millions d'euros.

La décision de fermer Fessenheim, engagement de campagne de François Hollande, prive en effet Électricité de France d'un outil de production énergétique qui pourrait encore fonctionner plusieurs années, selon les cadres de l'énergéticien français. Mais selon de nombreux élus locaux, des associations écologistes, des experts internationaux et même des autorités politiques allemandes et suisses, Fessenheim représente un danger notoire, compte tenu de son ancienneté, et devrait donc être démantelée.

La somme proposée par Ségolène Royal a fait s'étrangler les dirigeants d'Électricité de France, qui, selon les propos rapportés par nos confrères du Monde, l'ont jugée « surréaliste », « sidérante », voire « apocalyptique ».

 

Écart incommensurable

 

Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'écart est incommensurable entre la somme proposée et celle évoquée dans le rapport parlementaire sur le démantèlement de Fessenheim, rédigé par le député socialiste Marc Goua et le député Les Républicains Hervé Mariton. En effet, les deux députés estimaient la somme à verser à 4 milliards d'euros. Il est vrai que cette évaluation avait été immédiatement considérée comme farfelue par la ministre. Toutefois, des experts indépendants avaient quant à eux avancé 2,5 milliards, et les dirigeants d'EDF escomptaient quant à eux recevoir 2 milliards d'euros de l'État.

Toujours est-il qu'aux yeux du producteur historique d'électricité, la fermeture des deux réacteurs de la plus ancienne centrale française constitue un préjudice majeur, que 100 millions ne peuvent réparer, et ce d'autant que l'ASN a certifié, suite à son rapport complet d'inspection, que Fessenheim aurait pu encore fonctionner pendant 10 ans.

Il est donc certain que les relations entre EDF et l'État ne pourront que s'envenimer, et même que cette proposition de Mme Royal va engendrer une nouvelle cacophonie gouvernementale.

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