Menaces

Sanofi n'y est pas allée par quatre chemins. Dans un courrier adressé par Olivier Brandicourt aux membres du conseil d'administration de la compagnie américaine de biotechnologies spécialisée dans l'oncologie, le groupe pharmaceutique français a, d'une part, réitéré son offre et expliqué que « l'acquisition de Medivation est une priorité pour Sanofi et que nous sommes déterminés à y procéder », et d'autre part, tout simplement menacé les administrateurs de les faire révoquer : « Si le conseil d'administration actuel de Medivation persiste à refuser de nous parler, alors nous avons l'intention d'initier une procédure pour révoquer et remplacer les membres du conseil d'administration ».

En effet, Medivation avait, jusqu'à présent, purement et simplement ignoré les avances faites par le géant pharmaceutique français. Totalement ignoré. Ce qui a eu pour effet de susciter chez Olivier Brandicourt, le Directeur général de Sanofi, une colère froide, celle du prétendant qui, ayant une haute opinion de lui-même, ne comprend pas pourquoi on l'éconduit. Après une période de silence pesante, Medivation s'est récemment fendu d'un communiqué de presse, qui rejette purement et simplement une offre jugée « inadéquate ».

S'appuyer sur les actionnaires contre le Conseil

Il est vrai, pourtant, que l'offre faite par Sanofi est séduisante, puisqu'elle se situe à un cours de l'action évalué au double de sa cotation moyenne habituelle, et encore 50% au-dessus de celui de l'action Medivation depuis les premières annonces des rumeurs de rachat.

Cette offre a d'ailleurs séduit les actionnaires, avec qui Sanofi est entré en discussion, faute de disposer d'un autre interlocuteur. Ces discussions semblent faire ressortir un intérêt soutenu des actionnaires, désireux d'obtenir une belle prime et séduits par les perspectives offertes par cette acquisition. C'est donc sur eux que Sanofi s'appuie pour faire pression sur le Conseil, et prendre Medivation de force : « Comme vous le savez, vos actionnaires ont la possibilité d'agir à tout moment par accord écrit pour révoquer et remplacer les administrateurs », précise le communiqué de Sanofi, en forme de menace à peine voilée.

C'est désormais à l'entreprise américaine de réagir. Nul ne sait si le conseil d'administration sera prêt à céder au géant français de l'industrie pharmaceutique, dont les méthodes sont de plus en plus cavalières.