Saint-Gobain prend le contrôle de Sika et récolte la colère

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En rachetant la holding familiale qui détient 52,4% des droits de vote dans Sika, Saint-Gobain vient de déclencher la colère et la révolte de l'état-major du chimiquier suisse.

Publié le 09-12-2014 par Guilhem Baier

Un revirement de situation

 

Coup de théâtre dans le rachat de Sika par Saint-Gobain. Avant le week-end, le rachat était accepté par tous, y compris la direction. Après le week-end, la direction se déchaîne contre l'offre de Saint-Gobain, la récuse, et se serait mis en quête d'un « chevalier blanc » pour contrer l'offre du groupe français. Face à ce revirement de situation, Pierre-André de Chalendar, le PDG de Saint-Gobain, a déclaré : « nous avons été extrêmement surpris d'un revirement d'attitude au cours du week-end ». Ce changement est en effet radical, puisque le conseil d'administration et la direction ont tout simplement menacé de démissionner en cas de rachat.

 

 

Une bonne affaire

 

Pierre-André de Chalendar persiste toutefois, et a insisté sur le fait que le rachat était acté. En effet, Saint-Gobain a fait à la famille Burkard, fondatrice du groupe suisse, une offre très alléchante, en rachetant sa Holding Schenkler Winkler pour 2,3 milliards d'euros. La holding ne détient que 16% du capital de Sika, ce qui positionne l'action à un prix démesurément élevé, et qui ne pouvait donc se refuser. Mais elle détient 54,2% des droits de vote au conseil. Ainsi, Saint-Gobain peut donc prendre le contrôle de Sika, sans débourser plus de la moitié des 6,79 milliards auxquels le groupe spécialisé dans la chimie est évalué. De ce point de vue, Saint-Gobain réalise une bonne affaire, qu'il financera notamment par la vente de sa filiale Verallia.

 

 

Les suisses s'estiment spoliés

 

Or, c'est précisément ce que le conseil d'administration trouve injuste. Saint-Gobain va se retrouver majoritaire, alors qu'il ne détiendra que 16% du capital, spoliant ainsi les autres actionnaires de toute possibilité de peser sur le devenir et les décisions de l'entreprise.

Pierre-André de Chalendar semble en effet avoir pour Sika des projets bien arrêtés, qui ne conviennent pas à ceux qui détiennent les 84% restants du capital. Il a ainsi déclaré que, « après acquisition, Saint-Gobain pourra consolider Sika par intégration globale dans ses comptes avec un impact positif sur le résultat net dès la première année ». Dans ces conditions, Saint-Gobain pourrait privilégier ses propres intérêts.

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