Michel Aglietta « Une monnaie mondiale et privée, c’est absurde et dangereux »

Michel Aglietta CEPII monnaie

Pas de monnaie sans confiance et pas d’économie sans monnaie : historiens et économistes ont montré ce lien essentiel. Le professeur émérite Michel Aglietta nous en décrypte les ressorts et livre ses réflexions sur le Bitcoin, le Libra de Facebook et les monnaies digitales de banques centrales.

Publié le 17-07-2019 par Delphine Cuny

« La confiance est la matière première dans laquelle toutes les catégories de monnaie sont frappées » relève l'universitaire Yuval Noah Harari dans son best-seller « Sapiens ». Qu'il s'agisse du grain d'orge, la première « monnaie » connue de l'histoire, apparue à Sumer autour de 3.000 ans avant Jésus-Christ, des « cauris », les coquillages des sociétés primitives, des dollars ou euros d'aujourd'hui, circulant essentiellement sous la forme d'écritures électroniques, ces instruments servant de monnaie « n'ont de valeur que dans notre imagination commune » et reposent sur une convention collective, « une révolution purement mentale ». L'apparition de la monnaie a libéré les échanges de la condition dite de « double coïncidence des désirs » imposée par le troc et marqué ainsi le passage à l'économie de marché. « La monnaie est le système de confiance mutuelle le plus universel et le plus efficace qui ait jamais été imaginé » estime même l'historien israélien.

La parant de mille vertus, il lui attribue un rôle pacificateur : « la monnaie est l'apogée de la tolérance » affirme-t-il : « grâce à l'argent, même des gens qui ne se connaissent pas et ne se font pas confiance peuvent tout de même coopérer efficacement. » Dès l'Antiquité, Aristote avait défini ses trois fonctions, qui restent d'actualité : unité de compte (permettant d'établir les prix), réserve de valeur et intermédiaire des échanges (moyen de paiement ayant une valeur fiable aux yeux de tous). « La monnaie [nomisma en

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