Manuel Valls envisage d'ouvrir le capital d'Areva NP à MHI

Manuel Valls envisage d'ouvrir le capital d'Areva NP à MHI

Lors de son déplacement au Japon, dont il est revenu aujourd'hui, Manuel Valls a évoqué le rapprochement entre EDF et Areva, et ouvert la porte à une prise de participation du japonais Mitsubishi Heavy Industries.

Publié le 06-10-2015 par Bertrand Dampierre

Deux pistes asiatiques

 

Le gouvernement a déjà défini un cadre strict dans l'actionnariat de la nouvelle entité issue du rapprochement d'EDF avec Areva NP. Il souhaite que les deux entités détiennent ensemble 66% du capital de l'entreprise, 51% revenant à EDF, et 15% à Areva. Pour les 34% restants, tout reste possible, y compris l'entrée au capital d'investisseurs étrangers. Dans une interview donnée hier au quotidien japonais Asahi Shinbun, le Premier ministre français a déclaré « les industries mèneront ces discussions. Tout est envisageable, dès lors que ces alliances entre industriels nous renforcent mutuellement », laissant ainsi la porte ouverte à des industriels étrangers du secteur de l'énergie pour reprendre avec EDF la branche réacteurs d'Areva.

Parmi les pistes envisagées, l'une est chinoise, et l'autre japonaise. La piste chinoise est privilégiée par Areva, car c'est avec ses partenaires chinois CGN et CNNC et eux seuls qu'Areva n'a connu aucun déboire sur les chantiers en cours de construction de réacteurs nucléaires de type EPR. Tandis que la piste japonaise semble plutôt privilégiée par EDF, qui est déjà allé proposer à MHI de rentrer au capital de la nouvelle entité, même si Areva n'y serait pas du tout hostile, compte tenu du fait que le géant français du nucléaire a déjà travaillé en partenariat avec le conglomérat japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI) à de nombreuses reprises. Quant à Manuel Valls, il ne semble pas lui non plus hostile à un rapprochement franco-japonais dans le nucléaire : « La coopération franco-japonaise a vocation à s'approfondir, pourquoi pas en lien avec d'autres partenaires, si cela se justifie sur le plan industriel », a-t-il également indiqué à l'Asahi Shinbun.

 

 

 

De vieilles connaissances

 

Même si le marché du nucléaire devrait plus logiquement se développer en Chine et stagner au Japon, suite à la catastrophe de Fukushima, le rapprochement avec MHI a du sens, y compris sur le plan industriel. MHI dispose d'une expérience pointue en matière dans le domaine et d'un réel savoir-faire. En outre, MHI et Areva sont déjà partenaires depuis plus de quinze ans dans une société nommée Atmea, qui développe un réacteur du même nom, lui aussi de 3e génération, et qui dispose de certaines caractéristiques communes avec l'EPR. C'est d'ailleurs Atmea qui a été choisie par la Turquie pour construire 4 réacteurs nucléaires dans la centrale de Sinop, qui sera exploitée par Engie.

D'autre part, comme CNNC et CGN ont déjà décidé de participer avec EDF à la construction des deux EPR de Hickley Point au Royaume-Uni, les Chinois ne sont pas non plus totalement étrangers à EDF. On s'achemine donc, à n'en point douter, vers une entreprise franco-sino-japonaise, pour redresser une filière du nucléaire mal en point, même au niveau mondial.

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