Les liaisons dangereuses de Lafarge avec Daech

Les liaisons dangereuses de Lafarge avec Daech

Le quotidien Le Monde a révélé dans son édition de mardi soir que Lafarge aurait entretenu des relations avec Daech, pour continuer à exploiter une de ses cimenteries syriennes.

Publié le 22-06-2016 par Bertrand Dampierre

Une cimenterie dans la tourmente

 

Selon le quotidien Le Monde, le cimentier français Lafarge, qui vient de fusionner avec son homologue suisse pour créer LafargeHolcim, aurait négocié avec le groupe terroriste État islamique pour pouvoir maintenir l'activité de sa cimenterie de Jalabiyeh, située en Syrie, à 160 kilomètres au nord de la ville martyre d'Alep.

Acquise auprès d'un groupe égyptien par Lafarge en 2007 pour la somme de 600 millions d'euros, soit le plus important investissement en Syrie en dehors du secteur de l'extraction d'hydrocarbures, la cimenterie produit encore annuellement 3 millions de tonnes de ciment.

En 2011, alors que débute le conflit syrien, la cimenterie tourne à plein régime, avec plus de 10 000 tonnes de ciment produites par jour. En 2013, Daech commence à imposer son califat dans la région, jusqu'à prendre possession du site en 2014, si bien que Lafarge se voit contraint d'arrêter la production.

 

Financement du groupe terroriste

 

À ce moment-là, selon nos confrères du Monde, Lafarge aurait commencé à chercher un compromis avec Daech, laissant la logique économique l'emporter sur les principes démocratiques et l'éthique des affaires. Des messages électroniques envoyés par la direction syrienne de Lafarge et révélés par Le Monde attestent de ces négociations, qui avaient pour but de permettre la continuation de l'activité.

Lafarge aurait ainsi payé des taxes à l'État islamique, et surtout se serait acquittée de lourdes charges à chaque checkpoint tenu par les terroristes islamistes, pour permettre le passage de ses camions et l'acheminement du ciment. Cette situation aurait perduré pendant l'année 2013 et jusqu'en septembre 2014, date à laquelle Daech a décidé de la fermeture et de l'occupation du site.

Durant les années suivantes, des intermédiaires auraient proposé à Lafarge la reprise de l'activité, moyennant un partage des bénéfices, mais le cimentier français a refusé ces arrangements. Toutefois, il semble certain qu'il a contribué, pendant près de deux ans, au financement de l'État islamique.

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