Les agriculteurs s'en prennent à Bigard

Les agriculteurs s'en prennent à Bigard

Ce dimanche, au Salon International de l'Agriculture, des éleveurs de la FNSEA ont pris d'assaut le stand de la marque Charal et se sont livrés à des dégradations symboliques, pour protester contre l'attitude du groupe Bigard.

Publié le 29-02-2016 par Aglaë Derouen

Bigard concentre la colère

 

Après avoir réservé samedi un accueil des plus hostiles à François Hollande et démonté le stand du Ministère de l'Agriculture, les agriculteurs ont ce dimanche prix pour cible le stand de la marque Charal, propriété du Groupe Bigard. Le stand a été pris d'assaut à l'aide de farine et de neige carbonique, les éleveurs vidant des extincteurs sur le stand et les représentants de la marque de viande bouchère la plus vendue en France.

Les éleveurs, vêtus de t-shirts rouges portant l'inscription « Notre métier a un prix », ont aussi distribué au public de faux billets de 100 euros. Il s'agissait pour eux d'attirer l'attention des consommateurs sur le fait que, pour 100 euros dépensés lors de l'achat de viande, seuls 8 euros vont dans la poche de l'agriculteur. Pendant ce temps, dans un mégaphone, le Secrétaire général de la Fédération Nationale Bovine (FNB) Pierre Vaugarny interpelait le public et la presse : « Quand vous payez la viande entre 17 et 20 euros le kilo, sachez qu'on nous la paye à nous 2,50 à 3 euros ».

 

 

 

Bigard, principal responsable de la crise ?

 

Si le Groupe Bigard concentre ainsi la vindicte des éleveurs, ce n'est pas sans raison. Principal acteur du secteur, qui regroupe plus de la moitié des capacités d'abattage en France, le groupe de transformation de viande de boucherie ne cesse de tirer les prix vers le bas, refuse tout dialogue avec les acteurs de la filière, et même de venir s'expliquer devant le ministre de l'Agriculture lorsque celui-ci le convoque.

Bigard apparaît donc comme le principal responsable de la stagnation des cours de la viande à un niveau qui ne permet plus aux producteurs de dégager un revenu de leur activité. La contagion gagne même les races à viande, et non plus seulement la viande de réforme. En tirant les prix vers le bas, Bigard fait ainsi baisser les cours des races nobles, dont la qualité supérieure assurait jusqu'alors un prix de vente supérieur : « Progressivement on est en train de descendre nos races à viande en gamme et elles rejoignent progressivement ce premier prix, ce qui met en difficulté nos éleveurs aujourd'hui », constate, désespéré, Jean-Pierre Fleury, le Président de la FNB.

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