« Le vrai danger, c'est la crainte d’un retour de l’inflation, et non l’inflation elle-même » (Raphaël Gallardo, Chef économiste, Carmignac)

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ENTRETIEN. La question de l’inflation agite économistes et banquiers centraux. Les prix ont continué de grimper aux États-Unis en juin (+5,4% par rapport à juin 2020) mais restent stables en zone euro (+1,9%), un niveau inférieur à la cible de la Banque centrale européenne. Ces tensions sur les prix créent des turbulences sur les taux et relancent le débat entre les opposants des politiques monétaires accommodantes et ceux qui excluent tout dérapage inflationniste à la mode des années 70, compte tenu de freins structurels. Raphaël Gallardo, chef économiste au sein de la société de gestion d'actifs Carmignac, estime, dans un entretien accordé à La Tribune, que « nous sommes dans un scénario auto-invalidateur : ce sont les craintes inflationnistes qui empêcheront l’inflation de revenir de manière structurelle ».

Publié le 19-07-2021 par Eric Benhamou

LA TRIBUNE - La question du retour de l'inflation est de nouveau sur le devant de la scène. Pourquoi cette inquiétude soudaine ?

RAPHAËL GALLARDO -  La réponse politique à la pandémie a créé, notamment aux États-Unis, une accumulation d'épargne sans précédent. Les déficits ont également été largement monétisés par l'intervention des banques centrales qui achètent de la dette publique. Résultat, nous avons aujourd'hui à la fois une forte reprise et une épargne abondante. Cette dernière pourrait étaler la demande différée sur une période bien plus longue que prévue. Et malgré cette reprise et la surchauffe aux États-Unis, il n'existe aucun signe de normalisation des politiques budgétaires. Par exemple, le plan de relance de Biden à dix ans ne prévoit, à aucun moment, un déficit public sous le seuil des 4 % du PIB.

La sortie de crise sanitaire et la reprise ne seront-elles pas de puissants leviers en faveur d'un retour « à la normalité » monétaire et budgétaire ?

La crise a non seulement créé toutes les conditions pour craindre un retour de l'inflation mais elle a également créé un changement de paradigme dans la politique économique. Un nouveau courant de pensée, la théorie monétaire moderne, a complètement bouleversé les cartes. Cette théorie repose sur l'idée qu'il n'existe aucune limite aux déficits budgétaires et qu'il faut laisser les banques centrales monétiser ces déficits tant que l'inflation reste à un niveau acceptable.

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