Le plus grand scandale de l'agroalimentaire ?

Nos confrères du Canard Enchaîné ont, dans leur édition de ce matin, révélé une information qui fait rebondir le scandale Lactalis toujours plus haut dans le cynisme et l'ignominie. En effet, selon l'hebdomadaire satirique, Lactalis aurait écoulé dans des desserts lactés pour adultes 8 000 tonnes de poudre de lait fabriquées dans son usine mayennaise de Craon après le 9 décembre 2017.

À cette date, une décision de rappel touche le lait infantile produit dans cette usine. Les tours de séchage, qui permettent la fabrication du lait en poudre, s'avèrent en effet contaminées par des salmonelles, qui ont malheureusement intoxiqué plusieurs bébés. Lactalis a bel et bien procédé au rappel du lait infantile, mais aurait donc, en parallèle, utilisé 8 000 tonnes de poudre de lait produites dans la même usine, et donc potentiellement contaminées elles aussi, pour la fabrication de desserts lactés pour adultes. Une pratique qui relèverait, si elle est confirmée, du plus haut degré de cynisme, autant que du mépris le plus total de la santé des consommateurs. Si les informations révélées par le Canard étaient exactes, il s'agirait du plus grand scandale jamais connu dans l'industrie agroalimentaire, à côté duquel celui des lasagnes à la viande de cheval aurait l'air d'une blague de potache.

Les victimes confirment

Or, l'Association des familles victimes du lait contaminé aux salmonelles (AFVLCS) a elle aussi procédé à des révélations semblables, après avoir étudié minutieusement les documents qui lui ont été transmis par la Préfecture de la Mayenne. Les pouvoirs publics se seraient ainsi focalisés sur le rappel du lait infantile, mais pas sur les autres poudres produites dans la même usine, qui ont donc fini dans des « préparations industrielles (glaces, pâtisseries, entremets...) », indique l'AFVLCS.

Par ailleurs, les documents consultés par l'AFVLCS « révèlent également que de nombreuses salmonelles ont été détectées dans l'environnement de l'usine et dans les produits en 2017, avant même le 1^er décembre », selon le communiqué de presse de l'association.

Contacté par l'agence de presse Reuters, Michel Nalet, le directeur de la communication du géant des produits laitiers, a refusé de s'exprimer sur les déclarations de l'AFVLCS autant que sur les révélations du Canard Enchaîné. « Je ne souhaite pas réagir avant d'avoir pris connaissance de l'ensemble de ces accusations », a déclaré Michel Nalet, ajoutant que, chez Lactalis, « on va analyser le sujet et on fera une réponse en temps utile ».