Le devoir d’ingérence financière

Michel Santi, économiste,

OPINION. Dans la finance internationale, la tentation du profit l'emporte sur la morale. Afin que le capital devienne enfin responsable, la création d'une institution neutre permettrait de moraliser les pratiques bancaires internationales. Ces missions seraient notamment de déterminer si l'aggravation des dettes publiques dans un pays provient de pratiques frauduleuses, ou à cause de la mauvaise gestion de ses dirigeants et d'empêcher les créanciers d'accepter des restructurations de dettes de nations gouvernées par des dirigeants non élus démocratiquement. (*) Par Michel Santi, économiste.

Publié le 16-07-2020 par Par Michel Santi, économiste (*)

La finance internationale soutiendrait-elle et faciliterait-elle la tâche des dictateurs et des autocrates ? Ce n'est en effet pas le manque de financements qui permit, par exemple, de renvoyer Jacob Zuma en Afrique du Sud, mais son propre parti mis sous pression intense par une population excédée de la corruption à grande échelle orchestrée par ce dirigeant.

Pendant ce temps, de 2009 à 2018, les marchés étaient trop heureux de déverser leurs milliards afin de tirer un maximum de profits sur le dos d'un développement économique ne profitant qu'à une infime minorité. Le Premier Ministre malaisien, Najib Razak, n'est-il pas actuellement sous enquête d'une «task force» le soupçonnant d'avoir détourné sur ses comptes personnels des centaines de millions de dollars destinés en réalité à assurer le train de vie de son pays ?

Lire aussi : Corruptions : peu de progrès contre cette pratique à l'international

La finance, qui se targue d'être neutre voire amorale, se lave bien les mains des cliques au pouvoir qui sapent les institutions de leur pays tout en exacerbant la misère de leur peuple. Il semblerait même que les marchés encouragent ouvertement en certaines circonstances la corruption et même les activités délictueuses dans certains pays émergents. Mais pourquoi être surpris, aujourd'hui en 2020, que le grand capital cherche à démultiplier ses bénéfices en consentant des avances juteuses aux dictateurs, aidant au maquillage des comptes, exploitant les failles des régimes fiscaux

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