La SNCM sera à Rocca

La SNCM sera à Rocca

Le Tribunal de Commerce de Marseille a choisi de désigner le transporteur corse Patrick Rocca comme repreneur de la compagnie maritime SNCM.

Publié le 20-11-2015 par Bertrand Dampierre

Epilogue

 

Après des mois entiers de suspense et de nombreux revirements de situation, l'odyssée de la reprise de la SNCM vient enfin d'atteindre son épilogue. Le Tribunal de Commerce de Marseille, après avoir examiné les offres émanant de Corsica Maritima, de Christian Garin, de Daniel Berrebi et du transporteur insulaire Patrick Rocca, a finalement accordé sa préférence à l'offre déposée par ce dernier.

Il ne s'agit que d'une demi-surprise, dans la mesure où, après la dernière audience de présentation, les juges-commissaires qui veillent sur la procédure, le représentant de l'AGS et le procureur de la République de Marseille semblaient avoir un faible pour son offre de reprise. Les juges consulaires auront donc suivi cet avis, et ont décidé que sa proposition, qui ne reprend pourtant que 6 navires sur 7 et surtout que 865 salariés sur 1438 était la meilleure.

 

 

Un héros aux côtés sombres

 

Ce fils de maraîchers d'Ajaccio a le profil atypique de ceux qui se sont faits seuls. Avec seulement un CAP d'électricien en poche, Patrick Rocca entre dans la vie active comme simple chauffeur routier à 18 ans. Revenu sur sa terre natale en 1987, il profite de la grande grève des transports corses de 1988 pour faire l'acquisition de son premier camion et livre des produits frais pour un grossiste de la région. Aujourd'hui, son groupe compte plus de 1000 véhicules, et il transporte tous les types de colis et de produits. Il est devenu, à travers ses nombreuses sociétés aux activités plurielles, le premier employeur de l'île de Beauté. Une histoire qui ressemble donc à un conte de fées, dont l'apothéose serait ainsi la reprise de l'emblématique compagnie maritime qui assure la liaison entre la Corse et le Continent.

Mais le conte de fées cesse d'en être un dès que l'on prend tous les faits en compte. En février 2014, le Tribunal Correctionnel d'Ajaccio l'a condamné à trois mois de prison avec sursis et 100000 euros d'amendes pour abus de bien social, escroquerie et faux et usage de faux, parce qu'il avait une fâcheuse tendance à confondre « le patrimoine de ses sociétés avec le sien propre, à son bénéfice exclusif ». Mais cette ombre au tableau n'a pas jeté suffisamment de suspicion sur sa personne pour que les juges hésitent à lui laisser les clés de la SNCM.

 

 

Un nouvel épisode commence

 

Les réactions à cette décision n'augurent toutefois pas un climat favorable à la reprise de la compagnie par Patrick Rocca. En effet, l'un des candidats éconduits, le consortium Corsica Maritima, qui regroupe la plupart des acteurs économiques de l'île et notamment tous ceux de la grande distribution, les plus concernés par le trafic de fret avec le Continent, avait déjà précisé avant le jugement que, s'il n'était pas retenu, il ouvrirait des liens maritimes au départ de Toulon. La concurrence va donc être plus rude que prévu pour la SNCM de Patrick Rocca.

Mais le pire est sans doute aussi à venir du côté des salariés, spécialistes des grèves aussi longues que dures. En effet, les syndicats, qui militaient pour un nouveau report de la décision, ont immédiatement appelé à la grève dès l'annonce de la sélection du transporteur corse comme repreneur. Un préavis a été ainsi déposé pour une grève débutant le 21 novembre.

Les dernières actualités