Un scandale de plus

Paul Hermelin vient à son tour de défrayer la chronique et d'alimenter le désir du gouvernement et du Président de la République de légiférer sur le salaire des grands patrons. En moins de trois semaines, Carlos Ghosn chez Renault, Carlos Tavares chez PSA, Olivier Brandicourt chez Sanofi, et maintenant Paul Hermelin chez le leader européen du conseil en technologies, ont vu leurs rémunérations augmenter dans des proportions colossales et atteindre des sommets qui heurtent l'opinion et, pour certains observateurs politiques, confinent à l'indécence.

Selon la CGT de Capgemini, Paul Hermelin aurait en effet vu sa rémunération augmenter de 18% entre 2015 et 2016, et atteindre ainsi la somme de 4,832 millions d'euros. Mais la somme a été approuvée à 91,55% par l'Assemblée générale des actionnaires du groupe français de services informatiques ce mercredi 18 mai. Cette récompense intervient grâce aux excellents résultats du groupe, dont le résultat net s'élève à 1,1 milliard d'euros, soit presque le double de l'an dernier.

Des actions gratuites dont le cours a doublé

Les syndicats d'ailleurs reconnaissent l'impact de la gestion de Paul Hermelin sur l'amélioration des résultats de leur groupe. Ce qu'ils contestent en revanche, c'est que le gâteau ne soit partagé qu'entre leur patron et les actionnaires de leur entreprise. Thierry Achaire, secrétaire syndical de la CGT, résume ainsi l'amertume des salariés : « La problématique, c'est qu'aujourd'hui la rétribution de tout ce contexte florissant va uniquement à l'actionnariat, avec une augmentation des dividendes de 12,5%, avec Paul Hermelin qui s'augmente de 18%, avec 30 millions d'euros qui sont partagés entre les 24 hauts dirigeants du groupe. Les salariés, eux, peuvent espérer au mieux 22 bruts par mois ».

De son côté, le Directeur des Ressources Humaines du groupe insiste sur le fait que cette rémunération s'explique par le volume important d'actions attribuées à Paul Hermelin, et surtout par le fait que le cours de ces actions a doublé en un an. Par ailleurs, il a souligné que l'attribution d'actions gratuites aux dirigeants était une pratique courante dans les entreprises du monde entier, et que 600 autres collaborateurs en bénéficiaient chez Capgemini.