La "rente autoroutière" de Vinci et Eiffage

vinci

L'Autorité de la Concurrence se montre très critique sur le fonctionnement actuel du système de concession autoroutière. Pour elle, les profits engrangés par les sociétés concessionnaires sont assimilables à une rente, bâtie sur le dos de l'Etat et des automobilistes.

Publié le 19-09-2014 par Guilhem Baier

Des profits disproportionnés

 

Le système autoroutier français fonctionne sous forme de concessions d'exploitation accordées à des sociétés. On en compte en tout 7, qui appartiennent à trois grands groupes : Vinci, Eiffage, et l'espagnol Abertis, en partenariat avec la CDC et des acteurs majeurs de la bancassurance. Alors que l'exploitation d'une autoroute ne constitue nullement une activité à risques et s'avère relativement peu coûteuse, les profits engrangés par les groupes auxquels appartiennent ces sociétés concessionnaires sont, pour l'Autorité, disproportionnés.

En outre, l'autorité relève aussi que les marchés des travaux des sociétés concessionnaires sont attribués à des sociétés appartenant au même groupe. Vinci fait travailler Vinci, Eiffage fait travailler Eiffage, etc. Ce qui augmente encore l'exceptionnelle rentabilité de la concession autoroutière.

 

Une remise à plat ?

 

Si l'on examine les derniers résultats semestriels de Vinci, on s'aperçoit que l'activité autoroutière ne représente que 12% du chiffre d'affaires du groupe, mais la moitié des profits, et alimente la trésorerie à hauteur de 65%. Chez Eiffage, APRR est aussi la vache à lait du groupe. Même lorsque le trafic autoroutier diminue de façon drastique, comme en 2008-2009, les sociétés autoroutières demeurent parfaitement rentables.
L'Autorité de la Concurrence souhaiterait donc une remise à plat totale, et que les concessions ne soient pas prolongées. Elle ne devrait toutefois pas être entendue. Après deux ans de négociations, l'Etat est arrivé à un accord avec les sociétés autoroutières, qui s'engagent à effectuer d'importants travaux en échange de la prolongation de leur concession. L'Etat ne devrait pas revenir sur un accord qui créerait plusieurs dizaines de milliers d'emplois.

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