« L’électrification de notre économie ne peut se faire sans nucléaire » (Jacques Percebois)

T13

Début 2022, Emmanuel Macron annonçait la construction de six réacteurs EPR d’ici 2035. De quoi faire dire que la France relance son nucléaire. Mais pourquoi parle-t-on de relance au sujet d’un pays longtemps considéré comme le berceau du nucléaire ? Progrès technique, concurrence internationale, financement, Jacques Percebois, professeur émérite à l’université de Montpellier, spécialiste de l’économie de l’énergie, décrypte les implications de ce choix politique et stratégique. Des sujets abordés également dans l’ouvrage collectif qu’il a coordonné avec Nicolas Thiollière, L’économie de l’énergie nucléaire (Éditions ISTE), publié en novembre dernier. (Cet article est issu de T La Revue n°13 - "Energies, la France qui innove" actuellement en kiosque).

Publié le 01-04-2023 par Propos recueillis par Ingrid Labuzan

Est-il correct de dire que le nucléaire est relancé en France ?

Jacques Percebois Disons déjà que nous avons arrêté la sortie partielle du nucléaire. La loi prévoyait en effet la fermeture de quatorze réacteurs, afin de limiter la part du nucléaire dans notre mix électrique à 50 % en 2035. Ce choix a été révisé et un nouvel objectif fut fixé : 50 % de nucléaire d'ici 2050, les 50 % autres provenant du renouvelable. Nucléaire et renouvelable sont tous deux des énergies décarbonées néanmoins, contrairement au nucléaire, les renouvelables ne sont pas pilotables, à l'exception de l'hydraulique de barrage. L'énergie nucléaire dans notre mix va donc être limitée en pourcentage, mais il faut comprendre que, dans le même temps, la part d'électricité dans l'énergie finale, c'est-à-dire l'énergie consommée par les Français, va considérablement augmenter. Elle va passer de 25 % aujourd'hui à 55 % d'ici 2050. Cela s'explique par l'électrification des usages : les industries, la mobilité, le bâtiment, tous se tournent vers l'électricité pour se décarboner. Concrètement, la France a besoin d'augmenter sa production d'électricité et, pour ce faire, a besoin du nucléaire, et donc de construire de nouveaux réacteurs.

Cette idée commence à être de mieux en mieux acceptée par l'opinion publique, notamment à cause de la hausse des prix de l'énergie et des craintes qui pèsent sur notre approvisionnement. Il faut se souvenir que la France est l'une des nations pionnières du nucléaire, dont les ori

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