Gemalto choisit le mariage avec Thales

Gemalto choisit le mariage avec Thales

Thales ayant fait une offre bien supérieure à celle d'Atos, Gemalto accepte la fusion avec le groupe français d'électronique de défense.

Publié le 18-12-2017 par Laurent Baquista

Fusion entre leaders

 

Le leader mondial de la sécurité numérique et des cartes à puce a annoncé ce matin qu'il avait accepté l'offre de rachat émanant de Thales, émise durant ce week-end. L'offre de Thales, entièrement en numéraire, étant supérieure de 5 euros par action à celle faite par Atos la semaine dernière, avec un prix d'achat de 51 euros au lieu de 46 euros, le conseil d'administration de Gemalto l'a immédiatement acceptée.

Son président, Alex Mandl, a expliqué dans un communiqué de presse paru ce matin le cheminement des administrateurs du spécialiste de la sécurité numérique : « le Conseil d'Administration a étudié avec soin et en concertation avec ses conseils financiers et juridiques, toutes les options possibles et a statué à l'unanimité que l'offre proposée par Thales est dans le meilleur intérêt de la Société et de l'ensemble de ses parties prenantes. Dans ce contexte, le Conseil d'Administration de Gemalto recommande unanimement l'offre de Thales à ses actionnaires ».

De son côté, Atos a jeté l'éponge, faisant savoir que, « conformément à sa discipline financière, le conseil d'administration d'Atos qui s'est réuni dans la soirée, a décidé de ne pas donner suite à sa proposition d'acquérir la société Gemalto au prix de 46 euros par action ».


Un acteur majeur de la sécurité numérique

 

Philippe Vallée, le directeur général de Gemalto, s'est quant à lui exprimé sur les aspects opérationnels et stratégiques d'une fusion qui lui paraît plus conforme aux intérêts de la société qu'il dirige, et plus susceptible de renforcer le leadership français en matière de solution de sécurité et d'authentification : « j'ai la conviction que l'arrivée de Gemalto au sein de Thales est le choix le plus porteur et le plus pertinent pour notre entreprise, ses collaborateurs, ses clients, ses actionnaires et ses autres parties prenantes. Nous partageons les mêmes valeurs et Gemalto, dans cette nouvelle configuration, pourra poursuivre son projet industriel, accélérer son développement et réaliser sa vision de la sécurité numérique ».

Le discours n'est pas différent du côté de Thales, puisque son président-directeur général, Patrice Caine, a lui aussi souligné les convergences de cultures d'entreprise et d'intérêts stratégiques entre les deux sociétés françaises : « l'acquisition de Gemalto marque une étape clé dans la mise en oeuvre de la stratégie de Thales. Avec l'équipe de direction de Gemalto, nous avons de grandes ambitions fondées sur une vision partagée de la transformation numérique de nos métiers et de nos clients. Notre projet bénéficiera à l'innovation et à l'emploi tout en respectant les enjeux de souveraineté liés aux technologies stratégiques. Nous avons un immense respect pour les succès technologiques de Gemalto et nos deux groupes partagent un même ADN et une même culture ».


Un rapprochement fécond

 

Dans un entretien accordé à nos confrères du Figaro, Patrice Caine a également révélé que les discussions entre Thales et Gemalto avaient commencé il y a plusieurs mois. Atos était donc venu jouer les trouble-fêtes en toute fin de processus de négociation, obligeant le spécialiste de l'électronique de défense à revoir son offre à la hausse et à valoriser Gemalto à 57 % de plus que le cours de clôture du 8 décembre, juste avant la publication de l'offre d'Atos.

Si Thales s'intéressait à Gemalto, c'était avec l'ambition de faire émerger un leader mondial de la sécurité numérique, en acquérant le leader des solutions d'identification et d'authentification. Pourtant, Thales, l'an dernier, disposait d'une autre opportunité d'acquérir un leader de la sécurité numérique, lorsque Safran a mis en vente sa filiale Morpho. Contrairement à Gemalto, qui avait alors manifesté son intérêt pour Morpho et ses solutions de biométrie, Thales n'avait jamais fait preuve de la moindre velléité de rachat.

Il semble en effet que les synergies et complémentarités soient plus nombreuses et plus fertiles avec Gemalto. Comme l'indique le communiqué de presse de Thales, « ce rapprochement crée un acteur majeur s'appuyant sur un portefeuille de solutions intégrant des logiciels de sécurité, une expertise en biométrie, en authentification multi-facteurs et dans l'émission de titres physiques et numériques sécurisés. Ces technologies, qui combinent des cas d'usage variés et en constante évolution, ont vocation à générer de nombreuses opportunités commerciales et des synergies de revenu dans les prochaines années ».

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