EDF fermera-t-elle vraiment Fessenheim ?

EDF fermera-t-elle vraiment Fessenheim ?

Le conseil d'administration d'EDF se réunira cet après-midi pour décider de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim.

Publié le 06-04-2017 par Guilhem Baier

Un engagement symbolique fort

 

Fermer Fessenheim, c'est un des engagements symboliques majeurs du quinquennat de François Hollande, une dette morale envers l'opinion publique et surtout les partenaires écologistes de sa majorité. Un engagement pris dès le début de son quinquennat et qui, à quelques semaines de la fin de ce dernier, n'est toujours pas devenu réalité.

Ce jeudi, le conseil d'administration d'Électricité de France se réunira pour statuer sur la fermeture de la plus ancienne des centrales nucléaires françaises encore en activité. Elle va fêter ses quarante ans d'activité, une durée de vie longue, et dispose de deux réacteurs nucléaires d'ancienne facture et d'une puissance de 900 mégawatts. Elle est également l'une de celles qui représentent des dangers liés à son implantation elle-même, puisqu'elle se trouve en zone insondable et surtout dans une zone potentiellement sujette à une activité sismique.


Deux camps qui s'opposent

 

Pour qu'elle puisse réellement être fermée, malgré la puissance de l'État actionnaire, il faut que le conseil d'administration d'EDF en prenne la décision. Or, au sein de ce conseil, les avis sont très tranchés et deux blocs s'opposent : celui des administrateurs représentant l'État, favorables à la fermeture, et celui des administrateurs salariés, qui, eux, y sont hostiles.

Ces derniers font en effet valoir que l'Autorité de sûreté nucléaire a jugé que Fessenheim ne représentait pas de danger majeur et prolongé son autorisation de mise en service à la suite d'un audit complet et approfondi des installations. En outre, la centrale emploie 750 salariés et fait travailler 2 000 autres personnes grâce aux emplois induits. En fonction des tarifs de l'électricité, son exploitation rapporte à EDF entre 200 et 400 millions d'euros par an. Enfin, Fessenheim approvisionne des partenaires étrangers qui, en contrepartie, investissent dans la centrale et son entretien.


Une pression maximale

 

Le sort de Fessenheim se retrouve donc dans les mains des administrateurs indépendants d'EDF, sur lesquels repose en fait tout le poids de la décision. Depuis quelques jours, ces derniers sont soumis à de fortes pressions, notamment de la part de la ministre de l'Écologie Ségolène Royal, pour qui la fermeture est la seule solution.

Mais Jean-Bernard Lévy, le président d'EDF, joue lui aussi ses propres cartes auprès des administrateurs indépendants. Il souhaite en effet soumettre la fermeture éventuelle à des conditions, comme celle d'une lourde indemnisation financière pour EDF, et cherche aussi à subordonner la fermeture de Fessenheim à la mise en service de l'EPR de Flamanville. En outre, à quelques semaines d'une échéance électorale importante, la stratégie du président d'EDF pourrait s'apparenter à une tentative de gagner du temps, en attendant qu'un autre président de la République n'abandonne toute idée de fermeture de la centrale alsacienne. La pression sur les administrateurs indépendants est donc maximale.

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