Cooperl et Bigard ne jouent pas le jeu du porc français

Cooperl et Bigard ne jouent pas le jeu du porc français

Deux industriels majeurs du secteur de la transformation et de la commercialisation de la viande de porc refusent d'acheter du porc français depuis que son cours a été relevé par le gouvernement.

Publié le 11-08-2015 par Aglaë Derouen

Refus de jouer le jeu

 

Cooperl et Bigard ont refusé de participer hier au Marché du Porc Breton de Plérin, dans les Côtes d'Armor. Le motif de leur refus est simple : ils jugent que le prix fixé par le gouvernement à la suite des négociations au sein de la filière porcine est trop élevé. Ce prix, de 1,40 euro le kilogramme de viande de porc, doit permettre de soutenir les éleveurs porcins en difficulté, en leur garantissant un prix minimum qui les empêche de vendre à perte, comme ils ont trop souvent été contraints de le faire ces dernières années.

En refusant de prendre part au marché, Cooperl et Bigard, qui représentent à eux deux 30% du marché de la transformation du porc, ont tout simplement empêché celui-ci de se tenir. Un communiqué du Syndicat National des Industriels de la Viande (SNIV-SNCP), estime que la production, « obtient les prix les plus élevés d'Europe, sans trop se soucier du devenir des abattoirs », quand « le secteur charcuterie-salaison considère que les viandes européennes sont meilleures que les viandes françaises » et que la grande distribution « n'a pas encore renoncé à sa politique de guerre des prix ».

 

 

 

Une nouvelle guerre intestine

 

La Cooperl a également fait savoir qu'elle consacrerait ses efforts à la seule valorisation des porcs élevés par ses adhérents, mais suspendait tous ses achats externes, n'ayant pas « vocation à financer un cours politique, pour tenir la tête hors de l'eau à une partie de la production française ». Un excellent moyen de créer en plus, des dissensions entre les producteurs porcins.

Pour le président de la Fédération nationale porcine, Paul Auffray, ce comportement s'apparente à du chantage, voire pire : « les deux outils industriels ont décidé de boycotter le marché encadrant, ça ressemble à une prise d'otage des éleveurs », a-t-il déclaré à l'AFP avant d'appeler l'Etat à l'aide dans ce dossier. Selon lui, Cooperl et le groupe Bigard souhaitent ainsi faire baisser le cours d'au moins 15 centimes.

Il semble donc que la filière porcine soit encore une fois à la veille d'une crise majeure, qui pourrait cette fois-ci amener ses acteurs à s'entredéchirer.

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