Axel Kahn : "Covid-19 : un immense défi éthique"

Axel Kahn

LE MONDE D'APRES. A "crise exceptionnelle", convocation "exceptionnelle de l'éthique". Et à cette exigence, les éclairages d'Axel Kahn sont lumineux, qui escortent au cœur d'un foisonnement de sujets, d'un maquis épineux, d'un enchevêtrement d'enjeux ambivalents. Et d'un contexte perfide, celui de "sciences et techniques triomphantes" par la faute duquel la vie est sacralisée et la mort inacceptée. Les biais éthiques que soulève la gestion sanitaire, politique et humanitaire de la pandémie se compénètrent : quel chemin choisir entre les impératifs épidémiologiques et les exigences socio-économiques ? Quel chemin retenir entre l'orthodoxie protocolaire et l'aventure empirique ? Quel chemin tracer entre la voix de la science et celles des élites (politiques, économiques, idéologiques), "commandées" par l'opinion publique et empoisonnées par les nouveaux médias ? Quel chemin défricher entre la gestion d'une "épidémie banale&

Publié le 07-05-2020 par Denis Lafay

La Tribune : L'époque, inféodée aux fantasmes du progrès technologique, a porté à son paroxysme les principes de maîtrise, d'anticipation, et même d'éradication du mal, au risque d'une aseptisation de la société et d'une rétraction des libertés - de plus en plus assumées. L'ennemi "toléré" doit être visible, cernable, et suffisamment vulnérable pour être "neutralisé". L'humanité semble avoir oublié que le virus, aux propriétés inverses, est partie prenante de la vie.

Axel Kahn : Une vie sans virus est impossible, les virus en sont l'une des manifestations essentielles. Des éléments génétiques, des "aliens" en chacun d'entre nous et dans toute cellule vivante, dont "l'égoïsme" est poussé à son extrême. Pour un virus, une seule exigence, se perpétuer et disséminer. En bonne intelligence avec son hôte, tels Sars-Cov-1 et Cov-2 avec les chauves-souris, le VIH avec certains singes de l'ancien monde. Ces êtres vivants ont eu le temps de s'adapter au virus, ils le produisent sans périr, "tout le monde est content". Si cela se trouve, ces bêtes en tirent même un avantage. Mais, patatras, le virus se trouve infecter par hasard, directement ou via un hôte intermédiaire, une autre bête, un humain, que la sélection n'a nullement préparé au fil des centaines ou milliers d'années - souvent beaucoup plus - à vivre en bonne intelligence avec le virus parasite. Ce dernier fait la seule chose qu'il sache faire, infecter des cellules pour se multiplier. Cela finit par tuer les cellules, peu imp

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