Privilégier les pays émergents

Contraint par la vente de toutes ses activités liées au secteur de l'énergie, Alstom doit désormais se recentrer sur son autre métier, celui de fabriquer des motrices, des voitures et des dispositifs de signalisation pour les transports ferroviaires, qu'il s'agisse de trains, de métros, ou de tramways. Hier après-midi, devant les investisseurs et analystes financiers, Henri Poupart-Lafarge, le Président Directeur Général d'Alstom, a dévoilé les ambitions et la nouvelle stratégie de son groupe.

Celle-ci n'est guère surprenante, mais quelque peu inquiétante pour les usines françaises du fabricant de matériel ferroviaire et de signalisation.

En effet, Alstom compte avant tout mettre l'accent sur ce qui rapporte. Or, de ce point de vue, ce sont les pays émergents qui constituent désormais le principal segment d'activité du groupe. Les récents succès affichés par Alstom en attestent, ce sont dans les pays émergents que se passent les commandes, ou, du moins, hors de France. En France, l'état actuel du transport ferroviaire, la frilosité des régions, et surtout celle de la SNCF, ne permettent pas pour l'instant d'envisager des commandes de rames, ni TER, ni TGV. Henri Poupart-Lafarge a d'ailleurs confié au quotidien Les Échos, en marge de cette Journée des Investisseurs, que son groupe demeurait sur ce plan dans une totale incertitude : « nous connaissons effectivement des incertitudes sur les plans de charge, incertitudes qui diffèrent selon les sites et le type de produit. Nous travaillons aujourd'hui à adapter progressivement nos sites à leur charge », a déclaré le PDG d'Alstom à nos confrères.

Moins dépendre du matériel roulant

Une réduction de la voilure est donc à craindre sur le plan du matériel roulant, qui affecterait principalement les usines françaises. Globalement, Alstom compte donc augmenter la part des activités de signalisation dans son chiffre d'affaires, et la porter à 60% dans les prochaines années. Par ailleurs, comme Alstom envisage de réaliser 250 millions d'économies par an, notamment dans le domaine des achats, plus nombreux dans le domaine du matériel roulant.

Dans un communiqué résumant les grandes lignes de la stratégie, Alstom précise que son objectif de croissance organique atteint pour les prochaines années 5% an. Cela passera par des investissements dans les pays émergents. Mais, pour accélérer cette croissance, le groupe de matériel ferroviaire français n'exclut nullement d'avoir recours à la croissance externe, car son ambition est « de devenir à l'horizon 2020 numéro 1 ou numéro 2 du marché sur tous les continents », précise également le communiqué du groupe Alstom.