ADP : les profits de la colère

ADP : les profits de la colère

Aéroports de Paris vient de publier des résultats enregistrant un record de profits. Mais ces excellents résultats sont mal accueillis par les salariés et les compagnies aériennes. L'entreprise est suspectée d'optimisation fiscale.

Publié le 20-02-2015 par Bertrand Dampierre

Les plus gros profits de son histoire

 

Si Air France tire la langue, le transport aérien semble plutôt bien se porter en France malgré tout. En effet, le trafic aéroportuaire parisien ne cesse de progresser,. Toutefois, la hausse du trafic pour 2014 est jugée décevante par Edward Arkwright, le directeur financier d'ADP. Alors que 15 nouvelles compagnies ont ouvert des liaisons vers Orly ou Roissy, la hausse n'est que de 1,9% pour l'exercice passé : l'interminable grève des pilotes d'Air France a en effet lourdement impacté sur le trafic des passagers.

Globalement, Aéroports de Paris affiche cependant une rentabilité qui fait d'elle la plus profitable des entreprises du secteur de l'aéronautique, tous métiers confondus. Le bénéfice opérationnel courant du gestionnaire des aéroports parisiens s'élève ainsi à 737 millions d'euros, en hausse de 8,8%, et son bénéfice net progresse de 33,3%, à 402 millions d'euros. Cela constitue pour ADP les meilleurs résultats de toute son histoire.

 

 

Un succès qui fait des mécontents

 

Mais cela n'est pas du goût de tout le monde. A commencer par les salariés, qui ne comprennent absolument pas, compte tenu de ces résultats extraordinaires, qu'une augmentation leur ait été refusée. C'est pourquoi ils se sont mis en grève déjà trois fois durant le mois de février.

Ces bénéfices ne sont pas non plus propices à faire comprendre aux compagnies aériennes la nécessité d'une augmentation de leur redevance, telle qu'elle leur a été présentée dans le cadre des négociations sur le nouveau contrat de régulation économique qui sera signé cet été avec l'Etat.
Enfin, l'Etat lui-même se pose de plus en plus de question, surtout depuis le reportage diffusé hier sur France 2, qui révèle qu'ADP a monté en Autriche et au Luxembourg des entreprises qui pourraient s'avérer être des coquilles vides, destinées à soustraire au fisc une partie des bénéfices réalisés à l'étranger, et notamment en Turquie, où ADP gère des aéroports via sa filiale TAV.

Face à ces trois fronts, Aéroports de Paris devrait peut-être rapidement rompre avec l'euphorie de ces résultats exceptionnels.

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