Accord trouvé entre Areva et EDF

Accord trouvé entre Areva et EDF

EDF va devenir l'actionnaire majoritaire d'Areva NP en déboursant pour cela 2,7 milliards d'euros. Mais cet accord ne dissipe ni les problèmes financiers d'Areva ni les craintes des salariés.

Publié le 31-07-2015 par Guilhem Baier

Retour à la case départ

 

Il s'agit tout simplement d'un retour à la case départ, à la situation antérieure à la constitution du groupe Areva comme géant mondial du nucléaire. En effet, l'accord requis par le gouvernement et l'Elysée sépare les deux composantes d'Areva, qui avaient été regroupées au début des années 2000 pour donner naissance au groupe: la construction de réacteurs et leur maintenance, correspondant au périmètre de Framatome, et la fourniture de combustible et leur retraitement qu'assurait la Cogema.

Après d'âpres négociations sur le prix à payer, EDF reprendra donc entre 51 et 75% du capital d'Areva NP, et doit se mettre en quête de partenaires industriels pour l'épauler. De son côté, Areva ne conserverait, au maximum que 25% de la nouvelle entreprise. Il devrait donc être plus que plausible que de nouveaux acteurs rejoignent les deux groupes du nucléaire dans le capital. Jean-Bernard Levy, Président Directeur Général d'EDF, a d'ailleurs fait état de « contacts très préliminaires » avec des partenaires potentiels, qui n'ont pas été cités.

 

 

Une recomposition problématique

 

Pour Areva, cette recomposition est doublement problématique. Elle modifie en effet de façon substantielle le périmètre des activités du groupe, en la privant de celle qui aurait sans doute le plus de chances de réussite commerciale. En outre, elle met fin au modèle de la filière intégrée, de l'extraction du minerai au retraitement des déchets en passant par la construction du réacteur. Areva ne serait désormais plus en charge que de l'amont et de l'aval du cycle du combustible nucléaire.

Mais ce sont surtout les difficultés financières qui ne sont nullement levées : malgré les 2,7 milliards d'euros maximum versés par EDF, les pertes d'Areva seront bien loin d'être comblées, puisqu'elles s'élèvent à 4,8 milliards d'euros. De surcroit, l'accord stipule qu'EDF et la nouvelle entité Areva NP n'auront pas à supporter les pénalités de retard sur les chantiers des EPR, comme ceux d'Olkiluoto en Finlande, ou de Flamanville dans la Manche. La situation délétère d'Areva est donc bien loin d'être réglée par cet accord. Les sujets d'inquiétudes demeurent donc nombreux pour les syndicats, qui appellent l'Etat à prendre ses responsabilités : « Il faut que l'Etat recapitalise sans attendre Areva à la hauteur nécessaire », a déclaré la Fédération Mines Energie de FO.

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