Une seule banque manque et tout va mal : le risque cyber appliqué au marché interbancaire

omposite, Quisquater, Cuvelliez,

OPINION. La cyberattaque dont a été victime l'Australie, attribuée à la Chine, a montré une volonté de paralyser un pays entier. La Chine n'a de cesse de vouloir montrer la supériorité de son système par rapport au capitalisme à l'occidentale. Elle serait sans doute bien/mal inspirée un jour de viser une de ses composantes, les banques. Par Jean-Jacques Quisquater, Ecole Polytechnique de Louvain, Université de Louvain, chercheur associé au MIT, et Charles Cuvelliez, Ecole Polytechnique de Bruxelles, Université de Bruxelles.

Publié le 14-07-2020 par Jean-Jacques Quisquater et Charles Cuvelliez

Une équipe de la Fed de New York a simulé les effets dévastateurs en cascade d'une cyberattaque qui arriverait simplement à paralyser les paiements d'une banque sur le marché interbancaire (Cyber-Risk and the US Financial System : a pre-mortem analysis, Thomas M. Eisenbach, Fed of New York, Staff Reports, June 2020), et qui plus est, uniquement les paiements émis. Dans ce scénario fictif, la banque peut toujours recevoir des paiements. Elle ne peut plus en émettre. Ce n'est peut-être pas grave pour elle mais les déficits de liquidités qu'elle provoque chez ses contreparties le sont !

Le principal cauchemar d'une banque, dans une cyberattaque, est l'atteinte à la disponibilité et à l'intégrité de ses données. Dans le premier cas, elle immobilise le capital et les liquidités, dans le deuxième cas, elle ne sait plus très bien ce qu'elle a. Un autre cauchemar d'une banque, c'est d'être victime d'une attaque ciblée, lorsque par tous les moyens les hackers s'en prennent à elle spécialement. Les hackers préfèrent des proies plus faciles mais un Etat ennemi pourrait simplement vouloir mettre à terre une banque systémique pour paralyser le pays dans lequel elle opère. La détection, à temps, d'une telle attaque est primordiale : plus tard elle est découverte, plus les dégâts à l'intégrité des données sont grands et laisse la banque sur le carreau alors que sa viabilité dépend de sa présence sur le marché interbancaire pour ses besoins en liquidités. Quand une banque n'est plus capable

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