Souveraineté énergétique : le rapport parlementaire est passé à côté du sujet, selon plusieurs experts

Antoine Armand Raphaël Schellenberger

Depuis sa publication jeudi, les réactions pleuvent sur le rapport issu de la commission d'enquête parlementaire sur « les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la France ». En se focalisant sur les décisions ayant affecté la filière nucléaire dans le passé, les députés contribuent à éluder d'autres sujets cruciaux, et peinent à dégager des pistes d'action intéressantes, estiment plusieurs spécialistes. Pire : le document, très marqué politiquement, comprend de nombreuses approximations et contradictions, aussi bien sur l'hydrogène que sur le fonctionnement du marché de l'électricité.

Publié le 13-04-2023 par Marine Godelier

Alors que le rapport parlementaire sur les raisons de la perte de la souveraineté énergétique de la France, rendu public en fin de semaine dernière, tape sans ambages sur trente ans de « divagations politiques » et « d'errements [...] mortifères » pour la filière nucléaire, les réactions suscitées par l'épais document s'avèrent tout aussi virulentes. « Approximatif », « superficiel », « inutile » voire « bourré d'inepties » et « bâclé » : depuis jeudi, les critiques fusent de la part de nombreux experts, y compris les plus favorables à l'atome civil. Au point que certains d'entre eux accusent les députés d'être passés à côté du sujet, en tombant à leur tour dans les biais qu'ils dénoncent.

« Après plus de 150 heures d'auditions, on revient finalement sur les intentions premières du président de la commission d'enquête [Raphaël Schellenberger, LR, ndlr], avec un portage très politique », glisse Nicolas Goldberg, consultant énergie chez Colombus Consulting.

Plutôt que de chercher des solutions concrètes, l'exercice aurait même tourné au règlement de comptes, de manière à « pointer du doigt les coupables du passé, sans regarder vers l'avenir », estime Andreas Rüdinger, coordinateur sur la transition énergétique en France à l'Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales).

« On avait des attentes très élevées après les auditions, dont certaines étaient passionnantes. Mais cela aboutit à des propositions "bateau" auxquelles tout le monde avait déjà pen

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