L'intersyndicale choisit Conforama

Dans la bataille pour le rachat de Darty que se livrent le distributeur de produits culturels et high-tech et Conforama, les syndicats de l'enseigne de gros et petit électroménager ont enfin fait entendre leur voix. Dans une lettre commune, ils ont en effet pris position contre l'offre faite par la FNAC : « L'ensemble du personnel DARTY, toutes catégories confondues, ainsi que l'ensemble des organisations syndicales qui les représentent, rejettent clairement le rapprochement souhaité par la FNAC qui n'a pas la capacité de rendre pérenne notre entreprise et ne pourra aboutir qu'à un fiasco total sur l'emploi des 2 enseignes ».

Parallèlement, les représentants de l'intersyndicale ont affirmé qu'ils accordaient leur préférence à l'offre de rachat de Conforama, « qui vise à créer un leader européen de l'équipement de la maison, est plus en phase avec les attentes du personnel DARTY et permet d'assurer l'avenir de notre entreprise ».

Des inquiétudes justifiées

Les raisons du refus syndical sont on ne peut plus claires. Tout d'abord, l'endettement de Darty est important, si important que l'intersyndicale parle de « surendettement ». Mais la situation de la FNAC n'est pas forcément plus reluisante de ce point de vue. La fusion des deux groupes pourrait donc donner naissance à un mastodonte, mais un mastodonte empêtré dans ses dettes, à un point tel que la défaillance pourrait le guetter, mettant ainsi en péril les salariés des deux enseignes.

Ensuite, l'offre de la FNAC, se voulant alléchante pour les actionnaires, ne cesse de mettre en avant des synergies possibles. Elle les chiffre à 135 millions d'euros. Or, selon les syndicats, ces synergies « ne pourront se faire sans une réduction dramatique de la masse salariale ». Et l'on ne peut donner tort, tant le terme de « synergie » est devenu dans les faits synonyme de casse sociale. Les syndicats craignent de voir plus de 3 000 postes ainsi sacrifiés sur l'autel des synergies et de la compétitivité.

Enfin, l'Autorité de la Concurrence, dans l'avis qu'elle avait rendu sur la fusion entre la FNAC et Darty, avait indiqué que, pour éviter des situations de distorsions de concurrence, une quinzaine de magasins des deux enseignes devraient être fermés rien qu'à Paris. Ce qui ajoute encore des emplois menacés sur une liste déjà trop longue à leur goût.