Le bon deal entre l'Etat et EDF

Le bon deal entre l'Etat et EDF

Une échange de bon procédés se profile entre l'Etat et EDF sur les questions de la fermeture de Fessenheim et de lobtention d'un délai supplémentaire pour le chantier de Flamanville.

Publié le 21-10-2015 par Guilhem Baier

Une promesse non tenue

 

La fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim était inscrite au programme électoral de François Hollande en 2012. Il s'agissait d'envoyer un signal fort à ses alliés écologistes et de s'attirer leur soutien, tout en réglant le problème de la plus ancienne centrale nucléaire française. Mais, paradoxalement, la loi de Transition énergétique, autre engagement « vert » du Président de la République, a contribué à retarder la fermeture de la centrale. En effet, le texte de loi prévoit que la part du nucléaire dans le mix énergétique français sera plafonnée à 63,2 gigawatts, ce qui correspond très exactement à l'ensemble de la production des 58 réacteurs du parc nucléaire des centrales exploitées par l'entreprise publique d'électricité. Par conséquent, la centrale de Fessenheim ne pourrait être fermée sans qu'un autre réacteur, en l'occurrence l'EPR de Flamanville, entre en fonction. Or, celui-ci a été reporté par EDF à fin 2018. Ce qui fait que l'arrêt de Fessenheim pourrait n'intervenir qu'à cette date, sauf à verser, comme le précise un rapport parlementaire, 4 milliards d'indemnités à EDF pour l'avoir contraint à démanteler une centrale et à réduire la production nucléaire alors qu'elle ne dépassait pas les 63,2 gigawatts prévus par la loi.

 

« Échange délai supplémentaire contre fermeture anticipée »

 

Même si Ségolène Royal, la ministre de l'Écologie, juge cette indemnité « pas sérieuse », la fermeture de Fessenheim s'est donc trouvée fortement remise en cause, et avec elle l'engagement présidentiel d'une fermeture avant la fin du quinquennat. Or, il s'avère de plus en plus urgent, sur le plan politique, d'exécuter cette promesse, alors que les écologistes se nourrissent de la polémique sur Fessenheim pour y trouver des arguments justifiant de faire cavalier seul dans les élections. Fermer Fessenheim apparaît donc comme le préalable nécessaire de la reconstitution d'une « majorité plurielle ».

Heureusement pour le gouvernement et le Président, EDF a lui aussi besoin d'un service, que seul le gouvernent peut lui rendre. En effet, suite aux défauts constatés sur la cuve du réacteur EPR de Flamanville construit par Areva NP, il est fort possible que l'énergéticien français ne soit pas en mesure de respecter son délai de mise en service fixé à fin 2018. Jean-Bernard Lévy, Président d'EDF, est donc enclin à demander une extension du délai jusqu'à 2020. En échange de l'accord d'un délai supplémentaire, EDF pourrait donc accepter d'anticiper la fermeture de Fessenheim, de façon à ce qu'elle démarre en 2016, et que l'engagement de François Hollande soit respecté.

Les dernières actualités