L'ex-patron de LafargeHolcim mis en examen

L'ex-patron de LafargeHolcim mis en examen

Eric Olsen, ex-patron de Lafarge et de LafargeHolcim, a été mis en examen pour « financement d'une entreprise terroriste » et « mise en danger de la vie d'autrui » dans le cadre de l'enquête sur le racket par Daech de la cimenterie syrienne de Jalabiya.

Publié le 08-12-2017 par Bertrand Dampierre

Mise en examen d'Eric Olsen

 

Après que Bruno Lafont, ancien patron de Lafarge de 2007 à 2015, et son collaborateur Christian Herrault, ancien directeur général adjoint chargé de plusieurs pays dont la Syrie, ont été entendus plusieurs fois par la justice, l'ex-dirigeant exécutif de LafargeHolcim, Eric Olsen, a été mis en examen hier soir dans le cadre de l'enquête sur le financement de plusieurs groupes djihadistes en Syrie, dont l'État Islamique de l'Orient et du Levant.

Âgé aujourd'hui de 53 ans, Eric Olsen avait été successivement directeur des ressources humaines de Lafarge, puis directeur général adjoint du cimentier français à l'époque des faits, avant de devenir le directeur général de LafargeHolcim après la fusion avec le cimentier suisse.

Sa mise en examen dans le cadre de l'enquête menée par la justice française sur la cimenterie syrienne de Jalabyia porte sur deux chefs d'accusation particulièrement graves : « financement d'une entreprise terroriste » et  « mise en danger de la vie d'autrui ».

Cette enquête cherche à déterminer actuellement si la direction du groupe cimentier français était au courant de cette situation et si elle l'avait ou non cautionnée. Bruno Lafont et Christian Herrault sont toujours en garde à vue.


Des faits extrêmement graves

 

Les faits remontent à la période courant de juillet 2012 à septembre 2014 au moins. Durant cette période, la filiale syrienne de Lafarge, Lafarge Cement Syria (LCS) a en effet été victime, selon l'expression utilisée début 2017 par Christian Herrault dans une audition, d'une « économie de racket » organisée par les groupes djihadistes tenant la région. Le cimentier français aurait donc acheté à cette époque du pétrole à l'État Islamique, en violation de l'embargo décidé par l'Union européenne, et aurait aussi remis de l'argent à des intermédiaires afin de pouvoir continuer à exploiter sa cimenterie de Jalabyia, située dans une zone du Nord de la Syrie tenue par Daech. 

Lafarge Cement Syria aurait ainsi versé, selon un rapport du cabinet américain Baker McKenzie, environ 5,6 millions de dollars à plusieurs groupes armés djihadistes, dont 500 000 dollars à l'organisation terroriste dirigée par le calife autoproclamé Abou Bakr al-Baghdadi, le tristement célèbre État Islamique de l'Orient et du Levant, commanditaire de nombreux attentats en Occident, dont les fusillades des terrasses du Petit Cambodge et du Bataclan, survenus le 13 novembre 2015.

Par ailleurs, la justice reproche aussi aux anciens dirigeants de Lafarge de ne pas avoir assuré la sécurité des employés syriens de l'usine de Jalabyia, demeurés seuls sur place à faire tourner le site.

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