Un désengagement des télécoms ?

Après la cession de SFR à Numéricable, on pouvait croire le groupe Vivendi définitivement sorti du secteur des télécommunications, et affranchi du lointain dogme de la convergence entre contenus et tuyaux porté par son fondateur, Jean-Marie Messier. Pourtant, Vivendi est encore présent dans le secteur, puisqu'il figure parmi les actionnaires de référence de Telecom Italia. Il est vrai que le groupe dirigé par Vincent Bolloré semble arrivé par accident dans le capital de l'opérateur italien. Comme il le rappelle aujourd'hui dans son communiqué de presse, « cette participation résultait d'un échange de titres dans le cadre de sa sortie de l'opérateur de télécoms brésilien GVT pour l'équivalent de 8,24 % d'actions ordinaires Telecom Italia, et d'achats de titres sur le marché à hauteur de 6,66 % ».

Actionnaire de référence

Mais comment interpréter l'annonce de ce matin, qui explique que le groupe de médias français vient de renforcer sa participation dans Telecom Italia en la portant à 19,9%, ce qui fait de lui l'actionnaire de référence du groupe ? S'agit-il d'une volonté de remettre un pied dans le secteur des télécommunications ? De trouver à l'étranger des débouchés pour ses contenus ? L'explication donnée dans le communiqué de presse ne permet pas d'obtenir une réponse claire à ces questions, puisque le groupe la présente comme un renforcement à l'international, en même temps que comme étant dans la continuité de son engagement dans l'opérateur téléphonique italien : « Ce nouvel investissement confirme la volonté de Vivendi d'être un actionnaire de long terme de l'opérateur de télécoms et de développer ses activités en Europe du Sud ».

Trouver des débouchés pour les contenus

L'Europe du Sud est en effet un terrain qui intéresse considérablement Vincent Bolloré. Il a récemment acquis 1% du capital de Telefonica, et pourrait renforcer ses positions dans l'opérateur espagnol, qui est aussi une porte d'entrée sur le marché sud-américain. Avec 300 millions d'abonnés dans le monde pour Telefonica, et 150 millions pour Telecom Italia, Vivendi pourrait ainsi trouver des débouchés massifs pour ses contenus, notamment ceux de Canal+, d'Universal Music, et de Dailymotion. Le dogme de Messier n'est peut-être pas complètement mort, mais Vincent Bolloré a sans doute compris qu'il suffisait d'être présent au capital des opérateurs pour obtenir des débouchés pour ses contenus, sans avoir besoin de contrôler totalement un opérateur.