Le dernier voyage de la SNCM

Le dernier voyage de la SNCM

Le Paglia Orba a accosté ce matin dans le Port de Marseille. Il s'agissait du dernier voyage d'un navire de la SNCM, avant changement de pavillon. Parallèlement, les marins grévistes de la compagnie ont empêché le navire affrété par Corsica Marittima et Daniel Berrebi d'accéder aux quais

Publié le 05-01-2016 par Bertrand Dampierre

La fin d'une histoire 

 

Une page importante de l'histoire des liaisons maritimes entre la Corse et le Continent s'est tournée ce matin. Pour la dernière fois sous les couleurs de la SNCM, le Paglia Orba a accosté au Port de Marseille. En effet, c'est aujourd'hui que la SNCM est officiellement devenue propriété du groupe de transports corse Rocca. Dès jeudi, les rotations entre Corse et Continent reprendront, sous un nouveau nom, qui n'est d'ailleurs curieusement pas encore connu. En attendant, l'heure est à l'administratif, et en premier lieu au renouvellement des autorisations. Pour les marins de la compagnie de ferries, c'est une page importante de leur histoire qui se tourne, une histoire émaillée de conflits violents.

Et c'est d'ailleurs sur fond d'un nouveau conflit que cette dernière traversée a eu lieu. En effet, hier, les deux recalés de la reprise de la SNCM, le consortium Corsica Marittima et l'armateur franco-tunisien Daniel Berrebi, ont affrété un navire danois, le Stena Carrier, pour inaugurer leur première liaison de fret concurrente de celles de la SNCM. Le navire est parti de Bastia à vide, pour accoster ce matin à Marseille. Du moins, en théorie.

 

 

Toujours des conflits

 

Car en pratique, le Stena Carrier n'a pu accoster dans le Port de Marseille. En effet, les marins CGT de la SNCM, menés comme à l'accoutumée par l'indomptable Fabrice Alpozzo, avaient déposé un préavis de grève. Ce préavis a été mis à profit pour empêcher le Stena Carrier d'accoster. Installés dans les chaloupes du Danielle Casanova, les marins CGT ont accueilli le navire concurrent avec des « cocktails Molotov et autres engins incendiaires », selon la compagnie corse concurrente, Corsica Linea. Le Stena Carrier a donc été contraint de rebrousser chemin, et mouille depuis dans la rade de Marseille.

Fabrice Alpozzo a souligné à l'AFP le danger que représentait selon lui un redémarrage de l'activité dans des conditions de concurrence jugées déloyales : « Il y a déjà eu près de 600 suppressions d'emplois avec la reprise de la SNCM, on ne veut pas redémarrer l'année avec des licenciements ». De son côté, Patrick Rocca ne semble pas donner tort aux syndicalistes et aux marins, puisqu'il a lui aussi souligné l'attitude singulière de ces nouveaux concurrents inattendus : « Ils ont choisi la date du 5 janvier en affrétant un navire sous pavillon étranger à bord duquel les cartes d'identité ne sont pas françaises. Moi, j'ai pris l'engagement de préserver un maximum d'emplois, j'ai osé conserver le pavillon français ». Si la SNCM n'est plus désormais, les conflits qu'elle suscite sont, eux, toujours bien vivaces.

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