Numericable et SFR au pilori des mauvais payeurs

Numericable et SFR au pilori des mauvais payeurs

Afin de faire un exemple, le Ministère de l'Economie a publié la liste des cinq entreprises qui payent leurs fournisseurs et créanciers avec le plus de retard. Numericable et SFR, les deux sociétés de Patrick Drahi, occupent les deux premières places.

Publié le 23-11-2015 par Emilie Huberth

Mauvais payeurs épinglés

 

Le Ministère de l'Économie a décidé de publier quelques résultats du rapport de la Direction Générale du Commerce de la Concurrence et de la Répression des Fraudes (DGCCRF), dans lequel figure le palmarès des amendes infligées par ce service de l'état pour retards de paiements des fournisseurs. Seules les cinq premières entreprises condamnées ont été ainsi mises publiquement à l'opprobre, pour faire un exemple et dénoncer ces pratiques qui ont un retentissement grave et déplorable sur le fonctionnement de l'économie française.

Les deux premières entreprises condamnées, celles qui ont dû s'acquitter d'une amende de 375000 euros « pour des retards significatifs et répétés dans le paiement des factures de ses fournisseurs », sont Numericable et SFR, deux sociétés possédées par le groupe de Patrick Drahi, Altice, réunies dans e groupe Numericable-SFR. Suivent deux autres entreprises connues, Airbus Helicopters, filiale d'Airbus Group, le charcutier industriel Paul Prédault, et une société de négoce de matériaux de construction, la Comasud. Pour l'instant, seul Airbus Helicopters a réagi à cette publication, non pas en faisant amende honorable, mais en saisissant « le tribunal administratif pour contester fermement cette décision et sa publication portant atteinte à l'image » de l'entreprise.

 

 

 

Un mode de fonctionnement dans le groupe Altice

 

En ce qui concerne l'opérateur du câble et l'opérateur téléphonique, les pratiques dénoncées par Bercy participent malheureusement à un mode de gestion qui joue sur les retards de paiement comme d'un élément propre à générer artificiellement de la trésorerie afin d'améliorer les bilans de leur maison-mère Altice, qui a érigé la croissance externe et l'endettement en modèle de fonctionnement. En effet, pour rassurer les marchés et les investisseurs en améliorant sa trésorerie et ses bilans comptables, Altice joue dans chacune de ses filiales un jeu dangereux en retardant délibérément les paiements des fournisseurs, qui, selon la législation en vigueur, ne devraient pas dépasser 60 jours à compter de la date d'émission de facture, ou 45 jours fin de mois.

Selon la DGCCRF, ce jeu est en effet dangereux, car il met en péril les fournisseurs eux-mêmes, confrontés trop souvent à de graves problèmes de trésorerie et à de nombreux contentieux avec leurs établissements bancaires. Pour la DGCCRF, « sont gravement préjudiciables à la rentabilité des entreprises créancières parce qu'ils leur imposent d'obtenir des financements de court terme auprès de leur banque ». A terme, ils menacent la compétitivité des entreprises, et mettent en péril l'existence même de celles qui sont les plus fragiles.

 

Les dernières actualités