Surprenant rebondissement

L'histoire de la SNCM a toujours été jalonnée de rebondissements et d'épisodes épiques. Mais, le moins que l'on puisse dire est que depuis sa reprise par le transporteur corse Patrick Rocca, les rebondissements se font plus fréquents, plus soudains, et surtout plus surprenants.

En effet, MCM Maritima Ferries a hier après-midi convoqué un Comité Central d'Entreprise extraordinaire, pour exposer aux salariés un rapprochement avec son nouveau concurrent et ennemi corse, Corsica Linea, qui regroupe le consortium d'entreprises corses Corsica Marittima, et l'armateur franco-tunisien Daniel Berrebi, tous deux prétendants éconduits à la reprise de la SNCM. Le Tribunal de Commerce de Marseille a, en parallèle, été saisi du dossier, et devra donner son accord.

Cette nouvelle surprenante intervient moins d'un mois après l'ovalisation officielle de la reprise de la SNCM, et avant même le rachat des navires de la compagnie, qui sont toujours administrés par le liquidateur. Autrement dit, à peine reprise, la SNCM pourrait changer radicalement son actionnariat.

La fusion comme unique solution

Comment expliquer un tel revirement de situation ? Tout d'abord, c'est le facteur financier qui pèse le plus. En effet, selon nos propres sources corses, proches du dossier, MCM Maritima Ferries ne dispose que d'un financement bancaire qui ressemble plus à une perfusion au goutte à goutte qu'à un véritable soutien, à tel point qu'un dépôt de bilan n'est pas exclu.

Ensuite, l'apparition d'un concurrent nouveau sur le fret, Corsica Linea, fait peur à Patrick Rocca, car Corsica Marittima et Daniel Berrebi disposent, eux, de beaucoup plus de moyens et d'un vivier potentiel de clients considérable.

Enfin, la Collectivité territoriale de Corse a initié un projet de création de compagnie maritime corse, disposant de la délégation de service public, dans lequel Corsica Linea mais aussi la Compagnie Méridionale de Navigation sont devenus des acteurs de poids.

La seule solution qui s'offrirait donc à Patrick Rocca serait d'accepter ce rapprochement. MCM Maritima Ferries entrerait ainsi au capital de CM Holding, la société de tête de Corsica Marittima, en échange de l'intégralité du fonds de commerce et des actifs de la compagnie maritime rachetée par Rocca, y compris les contrats de location des navires.