Première prise de participation

Vivendi s'est assigné un nouvel objectif de croissance, via des prises de participations acquises sur les marchés grâce à son trésor de guerre, la cagnotte résultant de la vente de SFR. Après Telecom Italia, Gameloft, Ubisoft, c'est maintenant à l'empire italien des médias de Silvio Berlusconi que s'attaque l'ogre Vivendi.

Le groupe français de médias, de contenus et de divertissements a annoncé hier soir avoir acquis sur les marchés 3,01 % du capital de Mediaset. Par ailleurs, Vivendi a dévoilé, dans le communiqué de presse annonçant l'opération, son intention de devenir, derrière la famille de l'ancien président du conseil italien, le deuxième actionnaire du groupe. La famille Berlusconi possède à l'heure actuelle 41,3 % du capital de Mediaset.

Selon le communiqué de Vivendi, cette opération s'inscrit dans la volonté du groupe « de se développer en Europe du Sud et dans le cadre de ses ambitions stratégiques en tant que groupe international majeur dans le domaine des médias et des contenus d'essence européenne ».

Mesure de rétorsion

Mais la première bouchée de ce grignotage est aussi imputable à d'autres raisons qu'une noble stratégie de développement en Europe du Sud. En effet, en avril dernier, les deux groupes de médias avaient signé un accord stratégique qui impliquait le rachat par le Français de Mediaset Premium, la chaîne italienne à péage. Quelques mois plus tard, cette idylle se transformait en procès, sur fond de désaccord majeur concernant la valorisation de Mediaset Premium, et se transportait dans l'arène judiciaire.

Vincent Bolloré tient visiblement beaucoup à ce rachat, et la prise de participation est en quelque sorte un coup de semonce destiné à se faire entendre de la famille Berlusconi. Le communiqué de presse du groupe français le laisse clairement entendre, puisqu'il fait directement le lien entre l'échec de l'accord et l'entrée de Vivendi au capital de Mediaset : « considérant que l'intérêt stratégique du partenariat industriel annoncé le 8 avril 2016 dépasse les enjeux de ce contentieux, Vivendi annonce avoir franchi ce jour le seuil de 3 % du capital dans Mediaset et détenir 3,01 % de son capital. »

De son côté, Mediaset semble avoir pris conscience du danger, puisqu'il a considéré, dans un communiqué de presse, cette opération boursière comme hostile.