Les agriculteurs s'en prennent de nouveau à Lactalis

Les agriculteurs s'en prennent de nouveau à Lactalis

Toujours victimes de prix si bas qu'ils ne leur permettent plus de vivre, des agriculteurs de l'Orne ont mené une action symbolique pour dénoncer le rôle de Lactalis dans la crise du lait.

Publié le 05-08-2016 par Aglaë Derouen

Des producteurs enchaînés

 

Dans la nuit du 3 au 4 août 2016, des producteurs de lait de la région de Domfront se sont symboliquement enchaînés aux grilles du premier site industriel construit par le numéro 1 du lait, le groupe mayennais Lactalis. Se considérant eux-mêmes comme « en colère » et « désespérés », les producteurs ont voulu souligner le rôle joué par le géant laitier dans la crise du lait. « Nous ne pouvons négocier ni les prix ni les contrats. Nous ne pouvons pas changer de laiterie. Nous sommes enchaînés », ont expliqué les producteurs participant à l'action.

En effet, Lactalis rémunère les producteurs 255,99 euros pour 1 000 litres, ce qui est le tarif le plus bas du marché. En comparaison, la Coopérative des Maîtres Laitiers du Cotentin (MLC) paie ses adhérents 318,05 euros pour 1 000 litres de lait. En pratiquant de tels tarifs, Lactalis tire irrémédiablement les prix vers le bas, et pourrait contraindre les autres acteurs de la filière laitière à l'imiter. David Béchet, en charge de la section laitière à la FDSEA de l'Orne, a dénoncé vigoureusement ce comportement qui, à terme, pourrait tuer les producteurs, mais aussi toute la filière : « Lactalis nous traite d'irresponsables, mais qui l'est plus que lui ? », a déclaré le leader syndical à l'AFP.

 

 

Porter atteinte à l'image de Lactalis

 

La colère monte à nouveau dans les pâturages, et pourrait bientôt dépasser le seuil atteint lors des deux précédentes crises. Ainsi, seuls des leaders syndicaux participaient à l'action de la nuit précédente, craignant des débordements s'ils faisaient appel à la base : « Les producteurs présents devant le site de Domfront sont uniquement des présidents syndicaux cantonaux. La situation est tellement catastrophique dans les exploitations, les producteurs sont tellement en colère et désespérés que si nous faisons appel à eux, nous ne sommes pas sûrs de les tenir », souligne David Béchet.

Les agriculteurs pourraient prochainement se lancer dans une opération de grande envergure, pour porter atteinte à l'image de Lactalis auprès des consommateurs. Plutôt que de risquer des débordements et des poussées de violence, ils envisagent d'apposer dans les supermarchés des autocollants sur tous les produits du groupe lavallois pour dénoncer son comportement.

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